Avec 𝑀𝑒𝑚𝑜𝑖𝑟 𝑜𝑓 𝑎 𝑆𝑛𝑎𝑖𝑙, Adam Elliot façonne un univers animé en stop-motion qui captive d’emblée par sa plastique et son souci du détail. On y retrouve cette patte artisanale caractéristique de son cinéma, où chaque petit objet, chaque texture semble imprégné d’une émotion palpable.
Au cœur du récit se trouve Grace, une âme tourmentée pour qui la vie n’est qu’une succession de fardeaux. Elliot déploie un éventail de métaphores autour de la coquille, symbole de nos traumatismes et de nos cicatrices intérieures, offrant ainsi une certaine réflexion sur la difficulté de surmonter ses peines. Cependant, au fil des rebondissements, 𝑀𝑒𝑚𝑜𝑖𝑟 𝑜𝑓 𝑎 𝑆𝑛𝑎𝑖𝑙 s’engouffre dans une spirale de désespoir, accumulant les épreuves à un rythme si soutenu que l’on en vient rapidement à anticiper chaque nouvelle tragédie. Cette charge émotionnelle devient écrasante, émoussant l’impact d’une œuvre qui aurait pu être une grande fresque mélancolique. Par moments, le film se transforme en une expérience laborieuse pour le spectateur, marqué par une attente quasi inévitable du prochain coup dur.
Malgré cette tendance à la lourdeur, le long-métrage ne manque pas d’instants d’humanité, savamment distillés à travers ses personnages secondaires. Gilbert, le frère de Grace, et Pinky, dont les souvenirs hantent le récit, apportent quelques éclats de chaleur au milieu de cette noirceur omniprésente. Ces personnages incarnent la lueur d’espoir que le film tente d’instiller.
Pourtant, cette lueur demeure trop fragile face à l’omniprésence de la douleur et du malheur, laissant l’impression d’une œuvre qui peine à trouver l’équilibre entre la gravité de son propos et son désir de célébrer la résilience. La métaphore des fissures à accepter et à chérir aurait pu être un point fort, mais elle se trouve trop souvent étouffée par une accumulation de scènes accablantes. Le pathos finit par occuper tout l’espace, reléguant l’essence du message au second plan.
En définitive, 𝑀𝑒𝑚𝑜𝑖𝑟 𝑜𝑓 𝑎 𝑆𝑛𝑎𝑖𝑙 ambitionne d’être autant un poème sur la fragilité humaine qu’une ode à la force de l’espoir. Si l’intention est louable et l’ambition palpable, la trop grande insistance sur la souffrance brouille légèrement son message, rendant le voyage éprouvant. Il en résulte une fable intrigante, riche en idées et en images, mais qui laisse un arrière-goût de saturation émotionnelle.