Memories of Murder est seulement le deuxième film que je vois de l'excellent ( de ce que j'en ai vu en tout cas ) Bong Joon-ho. Le tout premier que j'ai vue étant son dernier en date "Okja", qui fait maintenant partie de mon top 10 sans hésitation !
Je partais donc du bon pied, de plus j'avais vu que le long-métrage faisait parti du top 111 des films du site alors, qu'attendais-je?
Par chance j'ai pu voir le film en version originale ( sous titrés hein, malheureusement je ne parle pas encore coréen ) et en bonne qualité. Les conditions étaient donc remplis pour apprécier le film.
Je me suis "réveillée" 2 heures et 11 minutes plus tard.
Voilà, le talent avait encore frappé.
J'avais eu le droit à du très bon jeux d'acteur, à des plans d'une rare originalité, à un scénario en demi teinte. Celui d'une histoire vrai, abominable, qui a bouleversé la Corée du Sud et celui qui raconte l'histoire de flics loufoques, perdus entre des collines et des rizières, ceux qui interrogent leurs suspects dans la chaufferie...
Etant actrice de théâtre amatrice, je réfléchis souvent à la complexité de certaines scènes à jouer.
Celle où le simplet raconte l'histoire dans la forêt, celle où les flics et un suspect à culotte rouge s'accroupissent calmement dans un sous-sol, ou celle encore pour ne donner que des exemples où le flic Séoulite décide de passer à l'acte.
Leurs jeux sont brillants et très diversifiés.
Ils sont de plus mis en valeurs par des plans que j'ai du mal à trouver dans d'autres films, des plans intelligents et originaux.
Je pense à deux scènes qui m'on marquée par leur cadrage.
Celle où l'ouvrier/ suspect se masturbe dans la forêt observé par trois flics cachés, je pourrais décrire cette scène 10h, mais pour résumer son génie c'est d'avoir une vu d'ensemble de la scène alors qu'on est en plan fixe. L'impression de saisir toute l'action, d'être omniscient, alors qu'on est caché derrière deux des flics.
L'autre c'est la seule scène d'interrogatoire sérieuse du film, celle où quatre hommes sont de profils, dans la pénombre, face au suspect aux mains douces. C'est une scène d'ombres chinoises, le panoramique horizontale donne toute la grâce aux acteurs. Le spectateur est à sa place d'origine, hors cadre, c'est grâce à cela qu'on est complètement immergé ( quel paradoxe hein !? ) En fait c'est parce que la caméra filme comme une sixième personne assise de ce côté de la table qu'on ressent tout, la colère, l'incompréhension, l'adrénaline. Comme un invité le serait à cette place. Comme le spectateur réussit à l'être.
Et pour finir je dirais que j'avais hésité à mettre 8 au film mais rien que pour l'échange entre l'homme et la petite fille à la toute fin, rien que pour la description que fait celle-ci.
Pour "le visage vraiment très banal". Je me devais de mettre 9.
Du génie.