/!\ contient spoiler /!\
La scène commence un soir de pluie comme tous les soirs de meurtres.
La petite copine du détective traverse un sentier couvert par des arbres, mais nous la voyons depuis un point de vue isolé, derrière des branches.
En tant que spectateur, le suspense s’installe car nous comprenons rapidement que la caméra épouse le regard du tueur, et qu’il contemple sa prochaine victime.
Soudain, une autre personne arrive à l’opposé du chemin : il s’agit d’une petite fille que l’on a vu déjà vu plus tôt.
Le tueur la contemple à son tour.
Par sa mise en scène, le réalisateur nous donne alors à choisir : qui doit mourir, la petite amie ou la petite fille ?
L’enfant est encore jeune et innocente, il est inacceptable de la voir se faire violer et mourir. Oui, certes ! mais nous ne l’avons vu que très peu dans le film, elle nous est inconnu... Au contraire, la petite amie tient une place plus importante dans le récit et pour le spectateur.
Est-il moral de préférer le viol et la mort d’une enfant à celle d’une adulte ? Juste, parce que nous la « connaissons moins » ? Personne n’aimerait répondre à cette question et pourtant la mise en scène nous y invite inconsciemment. Nous, qui étions bien en sécurité, hors du récit, derrière l’écran, nous voilà pris dans un choix cornélien, et cela, rien qu’à la force des images et de la mise en scène.
Pire !
Le film nous pousse dans nos pires retranchements lorsqu’il nous donne, dans un soulagement aussi répugnant qu’il est libérateur, la satisfaction de voir l’enfant devenir le choix du tueur à la place de la petite amie.
Finalement, ne sommes nous pas aussi des monstres pour ressentir cela ?