De tout temps, lorsque l’on parle Danemark, on pense grandes blondes. Une fois la douce silhouette de Caroline Wozniacki estompée, il nous vient à l’esprit le cinéma. Ce cinéma noir, provocant, parfois dérangeant, avec en chef de file Lars von Trier, fait beaucoup parler de lui, surtout grâce à une nouvelle génération de talentueux réalisateurs portée par Nicolas Winding Refn. Une génération de quadragénaire dont fait partie Anders-Thomas Jensen, le réalisateur de Men & Chicken, que l’on retrouve habituellement comme scénariste.


En voyant l’affiche du film, on imagine de suite une satire sociale dans la veine d’un Affreux, sales et méchants d’Ettore Scola, à l’humour cinglant et avec sa ribambelle de personnages dont la vie semble être construite de bric et de broc. Un mot revient souvent dans les premières critiques journalistiques, drôle. Pourtant, s’il y a bien un mot qui définit mal ce film de mon point de vue, ça serait celui-ci. Men & Chicken est touchant, absurde et complètement déjanté, mais il n’est pas drôle.


Gabriel et Elias, deux frères, apprennent brutalement avoir été adopté à la mort de leur père adoptif. Leur père biologique, Evelio Thanatos, est un généticien émérite qui vit, aux dernières nouvelles, dans un ancien sanatorium sur une petite île. Les deux frères décident de partir à sa rencontre et tombent finalement sur trois nouveaux frères en arrivant dans cet immense sanatorium laissé à l’abandon. Bien décidé de faire la lumière sur son père, Gabriel mène l'enquête, quitte à se mettre ses frères à dos.


Men & Chicken, c’est avant tout l’histoire d’une fratrie. Affublés d’un bec de lièvre, des vêtements pleins de crasse, les cheveux et les cheveux poisseux, les cinq frères sont les piliers du film. Leurs disputes extrêmement violentes et qui se règlent à coup de marmite en fonte ou d’animaux empaillés rythment l’œuvre. Contradictoirement, ces disputes dénotent d’un profond amour fraternel.


Mads Mikkelsen, dans son rôle du frère ainé, Elias, est époustouflant. L’histoire s’avère être assez maladroite, mais la qualité du jeu des acteurs et les scènes rocambolesques valent à elles seuls le détour.

Vincent-Ruozzi
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Le sanatorium au cinéma et La Scandinavie fait son cinéma

Créée

le 29 mai 2016

Critique lue 1.1K fois

20 j'aime

2 commentaires

Vincent Ruozzi

Écrit par

Critique lue 1.1K fois

20
2

D'autres avis sur Men & Chicken

Men & Chicken
Vincent-Ruozzi
6

Danish fried chicken

De tout temps, lorsque l’on parle Danemark, on pense grandes blondes. Une fois la douce silhouette de Caroline Wozniacki estompée, il nous vient à l’esprit le cinéma. Ce cinéma noir, provocant,...

le 29 mai 2016

20 j'aime

2

Men & Chicken
AnneSchneider
7

Vol au-dessus d'un nid de poulets

Partant du réalisme le plus strict, avec deux hommes assistant à la mort de leur père dans une chambre d'hôpital, "Men and Chicken" va dériver jusqu'au fantastique le plus débridé, en une sorte de...

le 5 mai 2016

14 j'aime

6

Men & Chicken
Samu-L
7

Des poulets et des hommes

Anders Thomas Jensen ne fait décidémment rien comme les autres. Et c'est bien normal pour quelqu'un qui s'intéresse autant à tout ce qui ne l'est pas. Dans son premier film, il parle de gangsters,...

le 7 sept. 2016

10 j'aime

Du même critique

Whiplash
Vincent-Ruozzi
10

«Je vous promets du sang, de la sueur et des larmes»

Whiplash est un grand film. Il est, selon moi, le meilleur de l’année 2014. Une excellente histoire alliant le cinéma et la musique. Celle-ci ne se résume pas à une bande son, mais prend ici la place...

le 20 janv. 2015

192 j'aime

11

Mad Max - Fury Road
Vincent-Ruozzi
9

Sur les routes de Valhalla

Je viens de vivre un grand moment. Je ne sais pas si c’est un grand moment de cinéma, mais ce fût intense. Mad Max: Fury Road m’en a mis plein la gueule. Deux heures d’explosions, de fusillades et de...

le 16 mai 2015

182 j'aime

21

The Irishman
Vincent-Ruozzi
8

Le crépuscule des Dieux

Lèvres pincées, cheveux gominés, yeux plissés et rieurs, main plongée dans sa veste et crispée sur la crosse d'un revolver, Robert De Niro est dans mon salon, prêt à en découdre une nouvelle fois. Il...

le 29 nov. 2019

153 j'aime

10