Et les revoilà nos agents en noirs, membres d’une organisation secrète qui régule les arrivées et sorties des extra-terrestres sur notre bonne vieille Terre, n’hésitant pas si besoin à sortir leurs belles armes chromées. Et des problèmes à résoudre par tirs lasers, il y en a toujours.
Grand succès public et critique de 1997, le premier épisode, qui adaptait à la louche une bande-dessinée appartenant à Marvel, attendait une suite. Les promesses de son univers ne semblaient pas encore pleinement présentées, son monde où humains et extra-terrestres cohabitent sans le savoir, le plus souvent.
Mais le premier volet avait établi une conclusion satisfaisante (attention divulgachage), la nouvelle recrue J ayant fait ses preuves, tandis que le partenaire aguerri, K, décidait de prendre sa retraite, les souvenirs transformés par son collègue pour passer des jours heureux. Un autre agent prenait sa place, L, ancienne médecin légiste que J avait pris sous son aile.
Un nouveau statut mais que cette suite décide de remettre à plat.
Car les Men In Black sont devenus indissociables de J et de K, de Will Smith et de Tommy Lee Jones. Par un petit stratagème, le scénario décide d’utiliser comme levier une rencontre entre K et une race extra-terrestre il y a plusieurs décennies, autour d’un objet recherché par tous, et surtout par Serleena, créature reptilienne et tentaculaire incarnée dans une belle et sexy femme (tant qu’à faire). On retrouve tout de même les grandes lignes du premier, sans le même éclat. Quelques simplicités sont encore et toujours de la partie, dont cette invasion du QG sans grande attention particulière, c’est arrivé, c’est tout.
Pour contrer Serleena et ses alliés il faut donc reformer le duo mais K est devenu un gentil postier dans un coin perdu. Il a arrondi son caractère, mais on retrouve son côté un peu bourru, peut-être aussi un peu bourrique. Le décalage fonctionne. Impliqué à nouveau, malgré ses quelques réserves, il a cette manière de commenter et de suivre ce qui se passe avec une certaine réserve et parfois un peu de mordant. Il est tout de même facilement embarqué dans cette histoire incroyable et sa mémoire ne tardera pas à revenir, là encore dans une scène qui foire un peu son importance.
Autre point de la conclusion du premier supprimé, on enlève l’idée d’une nouvelle partenaire et l’établissement d’une relation. Comme tant d’autres suites (Austin Powers 2, Paul Blart 2), qui écartent bien facilement l’histoire amoureuse établie précédemment pour en reconstruire une nouvelle, cet agent L passe à la trappe. C'est hâtivement et furtivement annoncé dans une ligne de dialogue.
Voici donc la nouvelle histoire amoureuse (puisqu'il faut en une) avec Laura, charmante serveuse d’un restaurant impliqué dans cette quête de l’objet, une belle et intelligente jeune femme que J choisit de ne pas flashouiller, et donc de ne pas trifouiller ses mémoires. Un manquement aux règles, que lui rappellera plus tard K, même s'il s'est fait à un moment où J était déboussolé sans son mentor. L’histoire d’amour semble une fois encore bien classique, avant que Laura ne trouve une nouvelle place dans l’intrigue, amenant la conclusion vers une note légèrement amère, comme l’avait pu l’être celle du premier.
Rosario Dawson est une assez bonne comédienne, pétillante, la bonne candidate pour incarner un personnage féminin digne d’intérêt mais guère plus. Elle ne sera pas la nouvelle Men in Black, cela reste une équipe de garçons, à se taquiner à juste distance. Will Smith et Tommy Lee Jones reprennent leurs rôles, ils récupèrent leurs vieilles chaussures et le public retrouve ce qu’il attend d’eux. Mais sans avoir la certitude que l’un et l’autre soient au maximum de leurs capacités, même si l’incarnation postière et amnésique permet de varier légèrement le personnage, mais c’est timide.
Dans le camp d’en face, Lara Flynn Boyle joue une créature extra-terrestre qui se retrouve dans un corps terriblement sexualisé. Sexy et dangereuse, à l’image de ce qu’on retrouvera dans Terminator 3 avec le T-X l’année suivante. La menace n’est guère perceptible, l’antagoniste manque de charisme. Elle est accompagnée de Scrad/Charlie, looser un peu cinglé, joué par Johnny Knoxville. C’est le genre de personnage avec qui l’acteur est à l’aise, mais l’avoir affublé d’une deuxième tête bavarde et agaçante fatigue bien rapidement.
Cette deuxième tête profite des avancées des effets spéciaux. Contrairement au premier, la bascule entre effets à l’ancienne et numériques est entamée. Ce deuxième volume conserve des trucages en dur, en latex et autres matériaux, notamment pour ses monstres exotiques. Mais en propose bien plus réalisés par ordinateur, parfois réussis, parfois gênants. Leur incrustation jure encore avec les acteurs lors de quelques scènes. C’est une nouvelle fois ILM aux commandes, et on sent que les progrès sont là, le film ne peut difficilement être blâmé là-dessus, ils restent malgré tout assez convaincants et assurent le spectacle.
Men in Black 2 est une suite inférieure au précédent, qui n’a pas la saveur du premier, se contentant de recopier ce qui avait fait le succès du premier, quitte à réécrire sa conclusion. Ceci accepté, le film reste un blockbuster bien calibré, proposant sa dose d’action sans aucune violence et son humour sans aucune acidité, tout juste moqueur. Parfois même un peu plus cartoon. J et K reprennent du service comme d'autres reviennent de vacances, on est content de les revoir bosser mais on voit bien qu'ils ne sont pas au maximum de leurs possibilités.
Heureusement le troisième volet de 2012 arrivera à démontrer que les hommes en noir n'étaient pas complètement délavés.