Mars 1918.Le sous-lieutenant Raleigh,jeune officier frais émoulu de l'école militaire,arrive plein d'enthousiasme sur le front de l'Aisne pour y rejoindre le régiment anglais dont il a absolument voulu faire partie car il est commandé par son mentor le capitaine Stanhope,à qui il voue une profonde admiration et qui n'est autre que le fiancé de sa soeur.Mais Stanhope,devenu alcoolique et aigri par les horreurs de la guerre,n'est pas content du tout de voir rappliquer son potentiel beau-frère dont il craint qu'il ne grossisse la cohorte de soldats massacrés par les allemands.Le réalisateur british Saul Dibb,spécialisé dans les films historiques compassés,dirige ici la troisième adaptation ciné de la pièce "Journey's end" écrite en 1929 par Robert Cedric Sherriff d'après ses propres souvenirs d'officier lors de la guerre 14-18.Le premier à s'y être collé fut James Whale,le réalisateur de "Frankenstein",avec "La fin du voyage",traduction littérale du titre original,en 1930,soit juste après la parution de la pièce.Il y aura ensuite le très bon "Le tigre du ciel" de Jack Gold,qui présente l'originalité de transposer l'histoire d'origine du contexte des fantassins des tranchées à celui d'un camp d'aviateurs.C'est de loin la meilleure adaptation de l'oeuvre,à laquelle "Men of honor" n'apporte pas grand-chose de neuf en-dehors d'améliorations visuelles dues aux progrès techniques,même si on s'aperçoit vite que le budget alloué au film a été modeste.Ainsi le cadre est la plupart du temps étroit et presque tout est filmé dans la tranchée et dans la casemate enterrée des officiers,ce qui induit un manque d'ampleur rapprochant le film de son ADN théâtral.Cependant ces décors sont réalistes et provoquent une sensation d'étouffement renforçant l'ambiance dépressive d'un récit marqué par le pessimisme et la peur.L'image fait efficacement dans les clair-obscurs et les éclairages économes alors que le bombardement final,brutal et destructeur,fera exploser la terreur.Pour le reste,c'est assez plat et languissant,il ne se passe pas énormément d'évènements,Dibb se contentant d'illustrer sans grand relief un psychodrame tendu qui aurait mérité plus d'envergure,ce qu'avait réussi à exprimer Gold dans "Le tigre du ciel",où il exploitait à fond le potentiel des personnages et leurs interactions ambigües.Comme en outre le casting est très moyen et fait pâle figure comparé à celui de 76 qui comprenait des pointures comme Malcolm McDowell,Christopher Plummer,Peter Firth,Simon Ward ou Trevor Howard,ça se laisse regarder mais sans plus.