Lorsque je me décide à me rendre au cinéma pour voir Men, Women & Children, c'est avec réticence: j'ai bien sûr auparavant épluché chaque critique sur le film, et il faut dire qu'elles ne sont pas vraiment positives (5,8 sur Senscritique). Pourquoi ? D'après ce que j'ai lu, la plupart des avis négatifs sont déçus d'un parti que prendrait le film, de faire la morale au spectateur, de l'inciter à lâcher son portable pour aller vivre des "vraies choses de la nature". Il est vrai qu'ayant moi-même 18 ans, j'ai pu être plus facilement par ce film qui traite en grande partie de l'adolescence. Il n'en reste pas moins une claque inattendue, intelligente, qui passe non pas par une critique de la société actuelle, et plus précisément de la génération Y, mais par un simple constat.
A travers plusieurs histoires, plus ou moins liées, le film montre plusieurs maux déjà connus de l'adolescence: de l'anorexie à l'addiction aux jeux vidéos, en passant par la pornographie. Reittner use d'un réalisme 2.0 hallucinant, servi par un casting impeccable, qui réalise un sans faute. Il faut dire que le film lui-même, en fait, a très peu de défauts: on peut, si on chipote un peu, parler de l'histoire d'amour légèrement trop belle sur la fin. Mais, comme la bande-annonce m'indiquait un film axé sur ce genre d'histoire, je n'ai finalement pas été surpris; au contraire, j'ai été étonné d'en voir si peu.
Ce qu'il faut également retenir du film, c'est ce rythme ternaire instauré par le titre lui-même: Men, Women & Children, qui catégorise déjà les personnages du film. Car le film, justement, est bel et bien tiraillé entre trois thèmes: l'adolescence, la relation entre parents et enfants et les nouvelles technologies, qui une fois noué, forment une intrigue intéressante, dynamique, qui ne perd jamais de souffle. Reittner installe une sorte de système, comparable à notre système social actuel, dans lequel tous les personnages, parents et enfants, sont soumis à la révolution d'Internet, et contraints de s'adapter à celle-ci. Quand je dis Internet, je regroupe évidemment dans ce mot tout ce qui est sites pornographiques, réseaux sociaux et même, tout simplement, toute la technologie que le XXIe siècle a déjà produite, comme les traceurs GPS ou les téléphones portables. Les personnages deviennent alors des proies d'un Internet auquel ils ne peuvent échapper. Là où l'oeil de Reittner est intelligent, c'est que justement il n'a pas vraiment un regard moralisateur, ni satirique: au contraire, il fait de ce film un miroir dans lequel chacun, homme, femme ou adolescent, peut se reconnaître, s'identifier, et réaliser ses défauts.
C'est là, pour moi, que la plupart des critiques négatives divergent de mon opinion: je pense qu'elles choisissent d'interpréter tout cela comme un film à la morale conservatrice, alors qu'il est simplement un film objectif, miroir, mettant en scène des personnages auquel le spectateur s'identifie forcément, puisque nous avons tous été, un jour ou l'autre, gêné par ce décalage entre les générations par rapport à la technologie. Evidemment, je pense que certaines de ces critiques ont reconnu le but du film, sans toutefois vouloir assumer le dur réalisme du film. En ce qui concerne les autres, qui font de ce film une plaidoirie anti-Internet, je rectifierai en disant plutôt que ce film est donc un simple miroir, et que le seul "coupable" que l'on pourrait désigner n'est pas Internet, mais les difficultés de la société a suivre harmonieusement cette évolution technologique.
Il y a encore mille et mille choses à dire sur ce film, et les questions qu'ils traversent, notamment par rapport à la classe moyenne, ou par rapport à la place de la réputation dans la vie adolescente, une question liée, bien entendu, à l'ego; bien plus, en tout cas, que ce que je puisse écrire en une seule critique.
Soma96
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le 16 déc. 2014

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Kevin Soma

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