Avant toute chose, je suis déjà très heureux d'avoir fait la découverte de Anouk Grinberg, une sorte de Juliette Binoche Adjaniesque qui fait plaisir à voir et à entendre. Elle en fait des tonnes mais qu'est-ce qu'elle est envoûtante ! On ne décolle plus les yeux.
Deux jeunes femmes se rencontrent (Anouk Grinberg & Charlotte Gainsbourg) sur la route et décident de partager un petit bout de chemin toutes les deux. Elles vont retourner dans leur propre passé, participer à un film, vont vivre les affres du sida, de la seconde guerre mondiale, des couples qui ne s'aiment pas/plus, du sexe effronté, de la violence, elles participeront à toutes les décadences de la vie, aux épreuves aussi, impitoyables.
Les deux écorchées vives sont actrices dans tous les sens du terme. Bertrand Blier donne à sa comédie dramatique une multitude de chemins différents, et semble à chaque plan vouloir se démarquer de n'importe quelle manière. Entre mises en abyme, jeu sur les couleurs (sépia, noir et blanc, couleurs), acteurs qui parlent à la caméra, personnages ayant conscience d'être dans un film/leur propre film, tout est mis en oeuvre pour théâtraliser la vie et grossir les traits jusqu'à l'absurde, presque l'incohérence.
C'est drôle, les dialogues sont savoureux, le casting énergique et brûlé vif, mais surtout monumental, où les acteurs célèbres ou en devenir enchaînent les rôles extravagants (Carmet, Michel Blanc, Catherine Jacob, Depardieu, Girardot pour ne citer qu'eux). L'histoire est décousue, déstructurée, souvent très désordonnée, et perd souvent le spectateur en vol pour le reprendre de plus belle, à l'image des protagonistes, marionnettes de cette grande pièce funambulesque.