Mercuriales
6.7
Mercuriales

Film de Virgil Vernier (2014)

Booaaah, rien ne te prépare à Mercuriales, j'te jure. J'sais pas, quand on pense à film sur la banlieue, on peut penser à beaucoup de choses. De Bande de filles et son imagerie world cinema, aux lourdingues effets de style véristes de la Haine ... Mais on ne songe pas à ce à quoi nous prépare le film, passé totalement inaperçu (comme si c'était une surprise), de Virgil Vernier.

Parce que oui, la banlieue, c'est un sujet commun dans le cinéma français, et que les réalisateurs donnent dans la diabolisation ou la revalorisation, ils se départissent rarement d'accents naturalistes plutôt vulgaires avec une connotation "voilà, c'est ça la banlieue". Montrer la banlieue telle qu'est vraiment, c'est une gageure et ça n'intéresse absolument pas Virgil Vernier. Tant mieux.

Ce qui l'intéresse en revanche, c'est de faire des tours dégueulasses et des quartiers miteux de Bagnolet de vrais objets cinégéniques, d'approcher son sujet sur le mode de la poésie plutôt que sur celui d'un réalisme déplacé aux tons de vérité générale. Le titre sacral et mythologique l'annonce très bien : les Mercuriales sont autant des célébrations en l'honneur du dieu romain que, dans ce cas précis, deux buildings jumeaux au Nord de Paris, où travaillent deux jeunes femmes. L'idée, géniale, c'est de dégager, à grands coups d'expérimentations, d'ellipses et de dislocations, une sorte de lyrisme de l'urbain, filmer les immeubles et les gens avec la même contemplation, poétique quand elle n'est pas carrément hallucinatoire.

Un film ampoulé où Vernier saisit nos deux filles plongées dans cette jungle urbaine mystifiée. Le cinéaste refuse tous les codes, tous les passages obligés, par une primauté donnée à l'esthétique. Mais pas une esthétique vaine et formaliste, non, une imagerie lancinante et onirique de la banlieue parisienne, perçue ici comme un monde parallèle, un entre-soi chargé de symbolisme. Les quelques fois où Vernier donne dans le réalisme (à travers la relation entre les deux filles), il évite toute catégorisation et c'est pour ensuite mieux replonger le spectateur dans son trip nébuleux.

Je ne dis pas que tout marche avec la même intensité, parce qu'en tant que film expérimental admirable, Mercuriales a des hauts et des bas, des choses qui fonctionnent moins bien que d'autres.

Mais putain, quelle originalité ! Ca fait vraiment plaisir.
Nwazayte
8
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le 14 déc. 2014

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Nwazayte

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