M. Mo (ki Joo-Bong) est un homme bourru, peu social et routinier, sa vie est monotone et parfaitement millimétrée depuis la mort de son épouse. Son monde va néanmoins se bouleverser lorsqu’on lui diagnostique un cancer de l’estomac.
M. Mo se persuade qu’il lui reste peu de temps à vivre et que la date fatidique coïncidera avec le décès de son épouse il y a bientôt 15 ans de cela, le 24 décembre. Avant de partir, il décide d’accomplir son rêve avorté d’adolescent et de réaliser un film dans lequel il serait l’acteur principal. Il fait donc appel à son unique fils, Stubedan (Oh Jung-Hwan), réalisateur, avec lequel il semble avoir coupé les ponts depuis bien des années.
Merry Chrismas Mr. Mo est un drame touchant sans jamais tomber dans le pathos. Plus qu’un «méta-film» sur le cinéma, il traite d’avantage de la relation père-fils à travers une mise en abîme scénaristique et technique de ses personnages. Car tout le film s’articule autours de la relation et de la confrontation de M. Mo et de son fils Stubedan, inconnus l’un pour l’autre, pour qui le cinéma est tout aussi bien ce qui les lie que ce qui les divise.
Mr Mo reste secrètement attiré par sa jeunesse passée, son amour d’enfance et son rêve d’adolescent à devenir acteur de cinéma. Rêve brisé par une grossesse accidentelle (sous-entendu) qui le ramène de force à une vie plus pragmatique.
Stubedan, payant les conséquences de sa naissance dans sa vie d’adulte, délaissé et rabaissé par son père, démotivé professionnellement et souffrant d’une immaturité affective, ne s’assume pas en temps qu’homme, ne souhaitant probablement pas ressembler à sa figure paternel de référence.
Cette dualité transparait également sur la technicité du film.
A la manière du père, à l’ancienne, le film est en noir et blanc et est découpé en chapitres. Le rythme et les plans étant assez contemplatifs on ne retrouve que peu de dialogues, ce qui fait irrémédiablement penser au cinéma muet que le personnage affectionne tant.
A la manière du fils, plus contemporain, la photographie est superbe, les transitions sont élaborées, les contrastes et la lumière sont aussi travaillés qu’ils sont symboliques. Enfin, notons également un travail sur les lignes de forces des plans et du positionnement des personnages très diagonaux qui apportent une certaine esthétique moderne.
Il est également intéressant de parler de Ye-Won (Go Won-Hee) la petite-amie de Sdubedan, qui prend le rôle symbolique du spectateur découvrant progressivement le passé et la relation présente entre les deux personnages, qui, de par sa neutralité, nous rappelle constamment que nous sommes bien extérieurs au drame familiale auquel nous assistons.
Merry Christmas Mr Mo, est une œuvre intimiste, plus profonde qu’elle n’y paraît et vaut l’intérêt qu’on puisse y porter, mais peut déconcerter par son rythme contemplatif, plus proche du cinéma japonais qui nécessite une certaine sensibilité pour ce genre cinématographique.