"Tu dis ça parce qu'il est noir?"
« Comédie de l’année! » ; « Vrai moment de bonheur! »
A la fin de la séance, les réactions ainsi que les applaudissements ne désemplissent pas. Mais, que diable, où sommes-nous donc ? Alain Chabat serait-il revenu sur le devant de la scène en réalisant un nouvel Astérix ? Non, loin de là. Nous sommes face au quatrième film d’Eric Besnard, réalisateur de 600 kilos d’or pur et de Ca$h. Si sa filmographie laisse transparaître quelques sueurs froides, ne jugeons-pas la qualité sans la tester.
On connaissait Eric Besnard plus scénariste ou encore acteur que réalisateur, c’est un fait. Après avoir travaillé pour Kassovitz au scénario ou encore avec Olivier Baroux, Eric Besnard s’est essayé à diverses reprises en tant que réalisateur pour un succès critique plus que mitigé. Engagé socialement et politiquement, le réalisateur français dévoile sa vraie personnalité à travers Mes Héros, comédie dramatique qui signe le retour du duo Balasko/Jugnot devant la caméra, mais pour quel résultat?
Hommage à la famille, Mes Héros partait d’un bon sentiment de légèreté. Pourtant, plus le temps passe et plus on devine que ce film sera loin, très loin d’une simple comédie sur les liens qui peuvent unir ou défaire une famille. Il est intéressant de voir ce film sans regarder la bande annonce, pour encore mieux vous rendre compte comment tout cela dérive.
En effet, si l’atmosphère se voulait globalement décompressée et légère, l’engagement volontaire et assumé du réalisateur sonne comme un coup de massue sur sa comédie. (Qui, au passage, n’en est pas vraiment une, mais nous y reviendrons plus tard.) La tirade pitoyable de Clovis Cornillac vers la fin du deuxième tiers du film en est le parfait exemple. L’acteur, pris d’un engagement soudain qui le décrédibilise plus qu’autre chose, explique et fait prendre conscience aux policiers présent dans la scène qu’ils agissent comme des sans-cœurs qui pourraient laisser crever un nourrisson dans un caniveau, rien que ça.
Vous l’aurez malheureusement compris, le manichéisme pur et simple est bel et bien présent. Eric Besnard explique à travers son livre… Heu, pardon, son film intitulé « L’immigration pour les nuls » que si vous réfléchissez deux secondes à la société dans son ensemble en prenant en compte tous les éléments vous êtes un beau salaud sans une once d’humanité. Belle leçon de courage, monsieur Besnard.
En dehors du discours vaseux entrepris par le réalisateur français, il en reste un casting qui rappelle des jours plus sympathique. Josiane Balasko et Gérard Jugnot à nouveau réunis à l’écran ? Pourquoi pas, après tout. Malheureusement, tout déchante assez rapidement. Ce qui voulait être à la base un mélange entre une comédie décomplexée et un drame puissant et profond se résume à une hérésie dramatique et un humour niveau ras des pâquerettes. Même si on reconnait quelques répliques qui peuvent déclencher un rire sincère (Cf. le titre de la critique, pour citer un exemple), le niveau global reste assez pauvre et manque franchement de profondeur. En dehors du scénario, les acteurs eux-mêmes manquent de crédibilité. A l’instar de Cornillac, le couple formé par Jugnot et Balasko ne relèvent pas un niveau qu’on espérait bien plus haut.
Dégoulinant de bons sentiments, Mes héros rappelle les plus mauvaises heures de la comédie à la française: grasse et pervertie. Si quelques échanges viendront déclencher un petit rictus, n’attendez rien de ce film qui est plus une insulte à l’intelligence des spectateurs qu’autre chose.