En pensant peindre le portrait d’une génération aussi perdue dans la vie qu’insouciante et volontiers fainéante, le réalisateur ne réussit qu’à scruter le visage et le corps de son modèle jusqu’à l’épuisement sans jamais atteindre l’universalisable, sans jamais dépasser l’anecdote individuelle faite film.
Aussi Mes Jours de gloire n’a-t-il de cesse de confronter le jeune adulte à une collection d’icônes qu’il échoue à réactualiser : du général de Gaulle au cliché du grand adolescent cool invité aux soirées déguisées, en passant par l’identité paternelle – pensons à l’enfant de son ami qu’il fait tomber par terre – et celle du beau ténébreux mais torturé soucieux de mettre fin à sa douleur, les modèles de références deviennent des modèles inapplicables, des anti-modèles qui accentuent davantage encore l’idée d’échec. Se tenait là une fable sur le droit à l’erreur, sur l’errance d’une génération insérée dans une course aux honneurs et aux profits, enfermé dans une société utilitariste vouant à la réussite un culte véritable ; malheureusement, Antoine de Bary ne parvient pas à tenir son long métrage jusqu’à son terme, la faute à un scénario fragile et inabouti dont la bascule dramatique du dernier tiers surprend autant qu’elle peine à convaincre.
En résulte une impression de collage de sketchs parfois hilarants – grâce à la nonchalance travaillée de Vincent Lacoste – mais vite répétitifs et qui ne se subordonnent à aucune progression psychologique cohérente. En outre, les personnages secondaires sont sous-exploités voire absents, à l’instar de Christophe Lambert qui suffisait à lui seul à incarner le crépuscule contemporain des idoles, la chemise à tomates constituant un symbole de cette soif d’une jeunesse passée et révolue, de cette peur de l’adulte, de cet âge qui transforme les amants en divorcés et la chambre à coucher en bureau de travail.