Alors que l’âge adulte arrive à grands pas, Adrien Palatine, petit minet parisien aux chemises bariolées, n’a pas encore trouvé sa place dans la société et tout autour de lui part à vau-l’eau : le couple formé par ses parents, les finances, l’amour, le boulot.
Sur un ton léger, cette comédie, signée Antoine de Bary, s’installe progressivement au rythme des galères en chaîne d’Adrien ; certaines d’entre elles donnant lieu à des gags réussis. Le potentiel comique de ce petit ahuri à la clope au bec est indiscutable et Vincent Lacoste n’a pas eu à faire trop d’efforts pour l’incarner tant ce personnage lui colle à la peau.
Sous-couvert de blagues, quelques questions sont, mine de rien, franchement abordées. On y parle du métier d’acteur, auquel se prédestine Adrien, et des difficultés pour en vivre : les auditions surpeuplées, le tabou de la paye (« tu ne vas pas commencer à me parler d’argent, il ne faudrait pas tout gâcher, on est encore dans la création là »), mais aussi la mise à nu de l’acteur (au sens propre, comme figuré) et plus globalement son rapport au corps.
Rapport au corps qui constitue d’ailleurs le sujet central du film, et qui est plutôt finement questionné à l’occasion d’échanges entre Adrien et sa mère psy. Dans une société où la virilité des hommes est de mise, il est compliqué d’appréhender tant son propre corps, que celui des autres (« fais comme tes copains, assume ta part de féminité »). Et ce n’est pas par hasard que les angoisses d’Adrien prennent la forme d’une incapacité à bander, d’une « impuissance » (quel mot terrible quand on y pense).
Malheureusement, passé le charme de la première moitié de film, cette comédie intramuros s’essouffle (voire agace).
L’histoire d’amour entre Adrien et Léa, déjà bien terne, devient carrément triste. Il n’y a vraiment rien à en tirer et le personnage de Léa est exaspérant. Si le but est de nous dire qu’à 30 ans, on ne peut guère espérer mieux qu’un amour de cet acabit, alors autant se jeter du pont tout de suite.
Et le dernier volet du film, correspondant au séjour d’Adrien en HP, nous fait même basculer dans le feel good movie niais. Sur fond de Juliette Armanet, tout n’est que bienveillance, les séances de parole sont plus vides les unes que les autres. Et on hésite à dire laquelle des scènes est la plus gênante entre celle des larmes d’un Vincent Lacoste qui n’y croit plus lui-même ou celle d’une mère (Emmanuelle Devos) consolant son fils de façon détachée et moralisatrice. Ces dernières scènes sont ratées, et cela est d’autant plus surprenant que le réalisateur a confessé avoir pris un grand plaisir à les tourner. Pourtant, les réponses d’Adrien sont censées se situer dans cet hôpital, puisque c’est là qu’aura lieu la délivrance finale : celle du plaisir.