Mes jours de gloire, titre étonnant pour un film contant surtout les semaines de galère d'un personnage coincé entre deux âges. Enfant-star, Adrien est aujourd'hui un adolescent retardataire alors que la biologie fait de lui un adulte, du moins normalement. Le métier d'acteur semble un horizon lointain, tout comme la vie qu'il s'emploie à contourner. À la place, on jurerait qu'il a foncé dans une essoreuse. Les cheveux hirsutes, l'air à moitié hagard, le moral en berne,...Le bougre évoque surtout une épave qui aurait oublié de couler. Du coup, il vivote entre les creux et les vaguelettes.
Le réalisateur Antoine de Bary (également co-auteur du script) l'envoie au casse-pipe avec une vacharde tendresse, en accumulant les couacs du quotidien : déconvenues professionnelles, situation familiale en décalage, mésaventure amoureuse...Tout est bon pour faire d'Adrien cette figure du loser magnifique. Et ça marche bien, d'autant plus que c'est un Vincent Lacoste ahurissant qui s'y colle, avec un sens de tempo comique propre à déclencher l'hilarité au moindre haussement de sourcils. Sans oublier le parterre de seconds-rôles parfaits, de la lumineuse Noée Abita à l'excellente Emmanuelle Devos en passant par le touchant Christophe Lambert. Tous sont au diapason pour donner vie aux mille et une tuiles de ce malheureux Adrien.
Et nous, on le regarde comme ça. Longtemps. Trop longtemps, d'ailleurs. Et c'est là que Mes jours de gloire chancèle. Pendant une bonne heure, on suit les déboires du personnage et bien que l'écriture soit efficace, la bascule du long-métrage arrive trop tardivement. Ce qui rend la suite déséquilibrée voire frustrante puisqu'elle abandonne beaucoup de pistes scénaristiques (la jeune Léa, les parents, les amis). Nous nous retrouvons face à une deuxième partie qui en tisse une autre, bien plus bancale puisque banale. Changer de ton à mi-parcours était la bonne option, encore fallait-il prendre cet embranchement à la moitié et non au deux tiers. Car le temps imparti ne joue pas en sa faveur. Le résultat laisse un arrière-goût tenace d'inachevé.