Il est dommage que l’originalité esthétique et tonale de Mes Meilleurs copains – construction en flashbacks qui tissent un réseau complexe de réminiscences partagées, travail sur la colorimétrie, les costumes, les coiffures et la musique selon les époques – finisse par devenir une finalité en soi qui n’est plus là pour raconter quelque chose ni incarner une amitié constamment sur le point de vaciller ; répétition ad nauseam d’un même dispositif que la mise en scène inventive de Jean-Marie Poiré ne parvient pas à renouveler. Nous ne saurions pourtant chasser cette authenticité qui est celle de son réalisateur, puisque la plupart des séquences s’avèrent inspirées de sa propre existence et diffusent une nostalgie teintée de mélancolie, comme ces albums pleins de photos que l’on feuillette lorsque le temps a passé.
Que la sexualité constitue une obsession de la jeunesse n’est certes pas une nouveauté, mais qu’elle occupe à ce point le premier plan nuit à la profondeur des personnages, amis qui gravitent autour d’une femme tel le moyeu permettant aux rayons de circuler. Les acteurs livrent des prestations hautes en couleurs : il faut voir feu Jean-Pierre Bacri chanter des chansons de révolte une moumoute sur la tête, ou Christian Clavier afficher une dégaine de baba cool suranné. Un film trop long et bavard, mais doté d’une charge émotionnelle véritable qui réussit, parfois, à atteindre la puissance d’un certain quatuor signé Yves Robert.