Quelle frustration.


Dès les premiers plans, l'esthétique du film rappelle celle de ceux produits pour la télévision, diffusés tout au plus sur M6 durant les heures creuses.
Peu de jeux -voire aucun- sur la profondeur de champ ni sur la lumière. Où a donc disparu le directeur de la photo ? Choix du cinéaste de ne pas s'attarder sur l'esthétique ou simple manque de temps au tournage ? Envie de dissocier le style du "vu" de celui du "dit" ? Il semble évident que la photographie, ici salement insipide, aurait apporté un intérêt considérable au film si elle n'avait pas autant été ignorée.
Il manque, autour du scénario et des acteurs, un univers du sombre et du poétique à l'image de l'esprit malade et torturé des deux personnages principaux, qui aurait fait gagner le film en cohérence et en profondeur.
Rappelant des univers cinématographiques tels que ceux de Carax ou de Jeunet, tendant à s'approcher de très près de leurs génies, Mes nuits sont plus belles que vos jours s'échoue sur les rivages d'un cinéma moins riche que nous ne l'aurions attendu.


Passée la première déception, arrive rapidement la question des dialogues. Surprenants, absurdes, ils se marient à merveille avec l'histoire racontée par le film, ils sonnent, résonnent, parfois simplistes mais souvent poétiques, et nous ramènent à nos lectures scolaires de Ionesco et Beckett (non sans un certain plaisir !).
L'effort se serait-il essentiellement concentré sur le verbe ?
Malgré une arrivée un peu rapide dans l'histoire, le spectateur se laisse toucher par l'aspect improbable de ces conversations. La frontière entre réalité et folie apportée par les dialogues entre Jacques Dutronc et Sophie Marceau surprend mais finit par accrocher l'oreille, et parfois même le coeur. Une fois de plus, quel dommage que l'univers construit autour d'eux ne leur soit pas fidèle !
Les rares tentatives de la création d'une ambiance malsaine autour des personnages -pour rendre compte du caractère dérangeant de l'entourage de la jeune fille, par exemple- ne fonctionnent pas, et s'ajoutent aux nombreux défauts -qui ressemblent davantage des oublis- du film au-dessus desquels on tente de passer pour rentrer complètement dans l'histoire, en vain.


C'est pourquoi la déception est immense.
Le potentiel, l'idée, l'envie se devinent tout du long, et l'on espère toucher du doigt l'incroyable, le romantique, la poésie. Ils planent, survolent chaque plan, mais l'on n'obtient jamais satisfaction.
Le film aurait pu être sublime, mais il se perd. Mon fort intérieur n'a de cesse de murmurer depuis : "Mais quel dommage".

Juliefnt
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le 8 août 2016

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