Metallica et le plan Leproux
Dans un film-concert, il y a la musique. De ce côté, les amateurs de Metallica ne seront pas déçus. Mais dans un film-concert, il y a aussi la mise en scène. Ici bâclée, elle ne fait que traduire ce qu'est devenu Metallica : un groupe qui a délibérément aseptisé ses concerts.
Tourné au Canada, le megashow démarre sur les Four Horsemen gonflés à bloc, les guitares retentissent, la 3D fait son effet. Chouette, on s'y croit. Mais très vite, Metallica passe au second plan.
Primo, le public. Autrefois, les concerts (que j'ai regardés à la chaîne étant ado) transpiraient la crasse. Dans la foule, c'était bière, tabac, slam et pogo à gogo (enfin ça c'était avant). Aujourd'hui, les spectateurs sont cantonnés à une place bien déterminée (on voit très bien le carré VIP), bien proprets (faut voir le prix d'un billet...), à brandir leur smartphone comme on sortait un briquet devant Roch Voisine (tout cela, diantre, mis en relief par la 3D). Les spectateurs restent spectateurs, peu aidés par une scène centrale multifonctions qui oblige les Horsemen à se tenir loin les uns des autres, créant des vides intersidéraux et sidérants.
Secundo, le scénario. L'histoire parallèle (et prétexte) d'un DeHaan qui doit aller chercher un "objet" en ville aurait pu servir la mise en scène, mais ça passe complètement à côté (!) car, même en cherchant, on ne trouve pas la cohérence. Avec cette métropole mise à feu et à sang par des anar-zombies, Metallica souligne avec force que la "folie", ce n'est plus dans ses concerts, mais bien à l'extérieur. Une sorte de "plan Leproux" (excluant les ultras du PSG), en mode rock'n'roll, en somme. Le message qui se dessine en creux : désormais, l'action, la violence, c'est dehors - et c'est gratuit. Ne restent, à l'intérieur du stade, que les artifices, les croix et les têtes de mort. Un cimetière stérilisé, au finale.
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