Succession de remarques sur ce Ménage à trois aux sujets devenus explosifs:
Un film en sorte de rêve-éveillé naïf parfois quasi à la Jacques Demy. Même si la France a je crois un des taux les plus élevés de couples mixtes. Pas encore de trio mixtes, sauf peut-être au Cap d'Agde...
Enfin vu grâce à France 5 avec avant la présentation enthousiaste mais toujours un peu trop spoilante de Dominique Besnehard qui devrait plutôt prendre exemple sur les intros de Patrick Brion dans Le Cinéma de Minuit.
Qu'on aime ou pas le citoyen Mathieu Kassovitz, ses déclarations et opinions, il est indéniable que pour un premier film, Métisse est bluffant et surtout pas fainéant.
Il s'est embêté pour un premier film. Il n'a pas choisi la facilité des plans fixes où ce sont les acteurs qui rentrent dans le champ, façon théâtre filmé ou téléfilm sans argent.
Je n'y connais rien mais j'ai aimé ses jeux dans le montage qui font sans doute référence et rendent hommage à d'autres réalisateurs. Dans un doc récent sur Alain Resnais, j'apprenais que même Resnais tenait des fiches sur ce que d'autres réalisateurs lui avaient appris et qu'il pensait utiliser lui-même un jour:
___j'ai ici aimé le ralenti à la fin qui devient clip (qui permet des ellipses et passage du temps en accéléré)
___j'ai aimé la scène subjective avec le plan sur deux mains gantées qui tiennent très serré les barreaux de la barrière de l'école pendant qu'il observe façon Caché l'école...un court moment Lola et sa copine semblent observée par le Michael Myers de John Carpenter.
___j'ai adoré un des effets de montage dont j'ignore le nom où on passe en un coup, du bureau à l'intérieur de la voiture: il est en train de demander s'il peut lui parler en privé car c'est pour de l'argent, et on le retrouve avec son employeur assis dans sa voiture (il ne l'avait alors pas vu d'un mois).
___j'aime comment le réal ne confirme que visuellement que Lola est catholique: il fait briller sa belle croix lors la scène au resto Chinois où elle est au milieu du plan entre les deux ...larrons? Larrons car un est voleur dealer, l'autre est menteur. Ce reflet d'or de la croix me rappelle Sergio Leone.
___j'ai aimé les scènes devenues classiques et répandues, dans la boite de nuit au début et au milieu...elles semblent des plans séquences avec caméra portées? (cf. Goodfellas ou We own the night).
___le plan final où la caméra sort de la chambre vers des cieux plein d'espoir naïfs...me rappelle un beau plan similaire mais plus long dans 9 mois ferme lors de la fête au parquet entre juges et avocats.
___je sais que le film rend hommage à Spike Lee et son film "Nola Darling n'en fait qu'à sa tête"
où la Lola de Lee "a trois amants dont un cycliste et un tombeur professionnel".
- Vincent Cassel a parfois ici des petits airs de James Caan (surtout lors de la scène de confession sur le ring). Lola m'a parfois fait penser à ameLier pOuLAin, surtout lors de ses regards caméras...regard caméra aussi à la Ferris Bueller. J'aurais pensé qu'on verrait encore cette Julie Mauduech, aussi sympas que mon Audrey Tautou.
- plein de moments et dialogues assez South Park où le proviseur PC aurait une crise cardiaque: dont "...je veux pas faire le nègre pour deux noirs" (sic) ...quand il se croit le seul à faire le ménage lors de la cohabitation à la Friends
- dés le début la Métisse a au mur un tableau de Matisse, bleu.
- la scène de vélo, notamment au début sur le trottoir est quasi criminelle...mais marrante car d'habitude, les plan vus de la roue ont la caméra contre une roue de vraie voiture dans les course poursuites, pas un vélo.
- le gag du code d'entrée qui fait l'entrée du film et marque l'entrée en guerre entre eux est amusant: le juif trouve condescendant le noir qu'il ne sait encore pas musulman. "c'est un moyen mnémotechnique...le débarquement de la seconde guerre... 6 Juin 1944...le code est donc 6J44" (excellent Bébert Koundé qui ne semble parfois pas jouer tant il sonne juste, et dont le montage a gardé des fous rires de tournage?)
- il semble avoir une caméra sur la casquette en 1993...les GoPro existaient elles déjà?
- beau jeu d'échec chez le papa Ambassadeur de Djamal
- mon moment préféré est la soudain danse du papi...géniale et drôle...sa danse m'a d'ailleurs fait penser à la démarche de Charlie Chaplin pour Charlot? Est ce que Chaplin s'est inspiré d'une danse folklorique traditionnelle? Ce papi a aussi un petit air et rôle à la Jerry Stiller (notamment dans Les femmes de ses rêves de son fils Ben Stiller). Je trouve aucune info sur ce "Tadek Lokcinski"(à part sa scène où il sort des toilettes dans La Haine).