Le pont entre Hitchcock et Halloween par John De Palma
Juste avant Halloween et un an et demi après Assaut, John Carpenter réalise un téléfilm pour la première fois ; il reviendra à la télévision peu après pour Le roman d’Elvis puis en 2008-2009 comme contributeur des Masters of Horror. Someone watching me aka Meurtre au 43e étage est une déférence totale à Hitchcock, encore plus appuyée que des opus de De Palma comme Pulsions ou Body Double. Racontant le combat d’une femme épiée et mise sur écoute contre son persécuteur, le film s’inscrit tout particulièrement dans la lignée de Fenêtre sur cour mais cite abondamment l’oeuvre d’Hitchcock au travers de nombreux détails.
Cet hommage à Hitchcock est un cas unique dans l’oeuvre de Carpenter, les deux cinéastes ayant par ailleurs peu de points communs dans leurs styles. Pourtant Big John a toujours dit s’être senti inspiré par Psychose dans l’écriture de son Halloween, où il aurait ‘simplement’ ajouté une dimension surnaturelle au tueur. Meurtre au 43e annonce très clairement le classique du slasher par la façon qu’a Carpenter de s’y approprier l’espace urbain. Au détour d’une séquence, l’action bascule vers l’indicible menace, où l’héroïne se trouve dans la position d’un enfant précipité dans un monde trop grand, limpide pour de faux.
Sans chercher à dépasser son modèle ou s’attarder sur la dimension théorique du dispositif, Carpenter réalise un divertissement brillant. Son sens du suspense rayonne notamment lors de quelques petites démonstrations assez gratuites (elles n’avancent pas le récit) mais impeccables. Il y a une phase de ralenti voir de piétinement à l’intérieur de la première moitié, mais elle finit par être balayée et le dernier tiers s’avère passionnant. Le malaise de Lauren Hutton (American Gigolo), sa solitude et sa position ambiguë dans cette tension sadique (contributrice et inquisitrice elle-même) ajoutent un charme supplémentaire à cet objet tellement au-dessus de sa nature de télé-film.
Étrangement, la contrainte des plans ‘carrés’ de la télévision (et non ‘larges’ du cinéma) n’entame pas la virtuosité formelle de Carpenter, exécutant dans le pire des cas un brouillon de son génial Halloween. Anecdote : ce Meurtre au 43e marque la rencontre de Carpenter et Adrienne Barbeau, qui deviendra son épouse pour quelques années et le personnage principal de Fog.
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