Well, Ladies and Gentlemen, 40 ans après sa sortie, ce film n'a pas mal vieilli du tout, que ce soit dans l'analyse des rapports de genres et de classes qu'il met en œuvre ou dans son esthétique générale que je qualifierai de dark baroque, foutraque et grotesque. Et l'on peut même supporter de le revoir (merci Arte, les ruraux te rendent grâce).
Cela dit, ce n'est pas non plus foncièrement génial. Les effets sont très appuyés, qu'on parle d'effets visuels (ça fait un peu mal aux yeux) ou sonores (Purcell en mode 80ies, ça fait un peu mal aux oreilles aussi). Une grande partie du plaisir du spectateur repose sur le scénario, car on se doute bien que quelque chose cloche au cours du premier visionnage, et l'on essaie de saisir les indices préparant l'épilogue au second (je dis second car je n'imagine pas qu'on puisse avoir envie de voir ce film une troisième fois, mais si ça fait plaisir à quelqu'un, moi, ça ne me dérange pas, je ne suis que bienveillance et accueil de l'altérité). Malheureusement, tout ça est poussé un peu trop loin pour que le côté conte cruel garde quelque vraisemblance que ce soit. Quant à la construction des personnages, elle est aussi assez approximative (car il faut mener le spectateur par le bout du nez). Le seul à ne pas vraiment varier, c'est Mr Neville, aussi innocent qu'arrogant, combinaison dont on peut considérer en guise de morale qu'elle n'est pas bienvenue si vous ne faites pas partie des héritiers. Bref, je n'ai toujours pas vraiment décidé si l'histoire est terriblement retorse et génialement ficelée ou juste bricolée pour nous manipuler, mais je suis sûr que tout ça manque un peu de subtilité (ce que j'exprimai en VO dans le titre de cette critique car j'ai bien le droit d'être snob). On peut néanmoins passer un bon moment, et suivre les dialogues s'avère assez délectable, mais je ne serais pas étonné d'apprendre que vous piquâtes du nez.