Dans le monde de la chanson, dans les années 1960, une chanteuse Eve est mariée au compositeur de ses chansons, très jaloux, Maurice Feugères et a un amant, son accompagnateur au piano, Jean. Tout ce petit monde gravite autour de l'éditeur de disques Georges. Voilà que Maurice se tue en voiture et tout le monde soupçonne tout le monde.
Le film est bâti sur un scénario de Boileau-Narcejac (dont j'apprends en voyant le générique (ce que tout le monde semble savoir) que ce que je croyais être un écrivain est en fait deux écrivains Pierre Boileau et Thomas Narcejac).
Dès lors, connaissant un peu le style des romanciers (puisqu'il y en a deux), on peut être assuré au moins d'une chose, c'est que l'intrigue sera (très) complexe et que le coupable sera découvert à la fin et ne sera jamais celui ou celle auquel les nombreuses pistes et fausse-pistes conduisent pendant le film.
Du coup, pas la peine de se casser la tête à réfléchir puisqu'on ne trouvera pas, passons donc notre temps à savourer les numéros d'acteur.
Danielle Darrieux, encore jeune et séduisante dans son rôle de chanteuse avec sa belle voix tendre et romantique, joue un rôle de femme ambigüe, dont l'amour (pour son amant et son mari) ne saute pas vraiment aux yeux. Froide, manipulatrice ?
Michel Auclair, l'amant joue un rôle de faible, un peu velléitaire, clairement sous influence. Il est un peu fade mais c'est aussi le personnage qu'on lui fait jouer.
Jean Servais, dont la voix est reconnaissable entre toutes, joue ici le rôle d'un homme profondément jaloux et meurtri par la trahison de sa femme. Sous son jeu, percent de l'ambiguïté, de la rancœur et une volonté de manipuler. Pour reconquérir sa femme ? Pas sûr.
Henri Guisol, le quatrième, joue le rôle de l'éditeur de disques et ami des trois autres. Chez lui, pas d'ambiguïté. Quoique. Il est l'ami de tous et au service de tous. C'est le confident et le conciliateur.
Ces quatre acteurs sont assez convaincants et tiennent bien leurs rôles.
C'est peut-être la mise en scène d'Etienne Périer qui pèche un peu par mollesse. Cela finit par donner cette impression d'ennui lors du visionnage du film. Par exemple, les nombreux rebondissements du scénario ou changements de la direction de l'intrigue auraient pu être un peu mieux travaillés, avec plus de punch de façon à créer et entretenir le suspense et la surprise.
Quand arrive le dénouement final, le spectateur, que je suis, conclut par un "ah bon" pas très convaincu ni vraiment surpris alors qu'il aurait dû bondir de son fauteuil en fronçant les sourcils par un "ah bon" stupéfait, pétrifié de surprise.