L'idéal est de lancer le film à 12h04, quand l'histoire commence...
... comme ça vous n'avez pas à regarder votre propre montre pour savoir combien de temps il reste.
Un film avec Johnny Depp qui ne fait pas son Johnny Depp, c'est assez rare pour être pointé du doigt. Après, l'histoire, bien que basée sur un concept du temps réel toujours intéressant, se vautre quelque peu.
En fait, c'est le concept même qui est responsable des problèmes. Se priver d'ellipse, c'est se forcer à raconter des choses pas toujours passionnantes (imaginez si dans chaque film on devait se taper le petit moment où le héros va faire caca) ; ajoutez à cela une volonté de faire réaliste (en témoignent les coups sur la jambes qui font boiter le héros et le temps qu'il prend à réfléchir à ce qu'il va faire) et vous avez une intrigue qui n'avance vraiment pas. Autre problème justement, le fait de vouloir faire réaliste dans un premier temps et qui devient complètement surréaliste sur la fin. Les situations sont un peu tirées par les cheveux et la résolution est plus digne d'un actioner reagannien que d'un thriller politique. Problème de ton donc, plombé par un concept mal pensé.
La mise en scène intrigue dans le sens où Badham s'installe comme un précurseur de la shaky cam, des recadrages inutiles. Je ne m'attendais pas du tout à un tel découpage. Evidemment, à l'époque, c'était pas courant, du coup il y a quelques maladresses. Il y a aussi certaines séquences mal découpées, qui apraissent un peu cheap, surtout lorsqu'il s'agit de faire l'introspection du héros, déboussolé. En revanche il y a quelques jolis plans ; je ne suis pas un grand fan de la photographie des années 90, mais certaines séquences en extérieur, avec la lumière d'hiver sur les flaques d'eau, ça donne lieu à des plans d'une grande beauté. Le casting est plutôt sympa : Depp ne cabotine pas, Walken est toujours cool, les seconds rôles font l'affaire.
Bref, "Nick of time" est un exercice de style intéressant mais pas suffisamment maîtrisé. Dommage !