Un production franco-belge qui propose une variante d'Agatha Christie, imprégnée de l'étrangeté et du surréalisme qu'affectionnent nos voisins d'outre-Quiévrain.
Une jeune fliquette (Anny Duperey) est amenée à enquêter sur un crime survenu dans son propre immeuble, dont les suspects sont donc ses voisins de palier.
Hélas, je n'ai pas adhéré à cette atmosphère qui se voudrait étrange et inquiétante, servie par des comédiens au teint blafard et au physique hors norme, volontairement laids et grotesques (le maigre et dentu Daniel Emilfork, le grassouillet Daniel Flick, la vieille sorcière Marie-Ange Dutheil...).
L'idée était louable mais ne fonctionne pas, à l'image de l'humour morbide et décalé qui tombe régulièrement à plat, au point que la première demi-heure est une souffrance.
Heureusement, ça s'améliore un peu par la suite, lorsqu'on commence à se familiariser avec les divers habitants de cet immeuble, et que l'enquête policière décolle un peu.
"Meurtres à domicile" bénéficie en outre de la complicité entre Anny Duperey et son compagnon Bernard Giraudeau, qui venaient de se rencontrer sur le tournage du "Grand pardon" quelques mois plus tôt. Ce seront d'ailleurs leurs deux seules collaborations au cinéma.
Par ailleurs, le réalisateur Marc Lobet gère plutôt bien l'espace à sa disposition, explorant chaque recoin de cet immeuble bruxellois, et s'autorisant quelques sorties pour casser la monotonie du huis-clos (le théâtre, le cimetière, le restaurant).
Il faut aussi souligner la jolie tentative de mystification de la part des scénaristes (adaptant un roman du belge Thomas Owen), qui proposent un final twist audacieux - que j'avais hélas éventé dès les premières minutes du film.
Il est vrai que Giraudeau était beaucoup moins connu à l'époque, mais aujourd'hui on reconnaît aisément son visage sous les traits du vieillard - surtout lorsqu'on a vu "Le limier" de Mankiewicz...
Au final, on assiste donc à un whodunit assez classique dans son déroulement, mais atypique dans son atmosphère. Pour ma part, je n'ai pas adhéré à cet univers décalé (qui m'a rappelé le "Holidays" de Guillaume Nicloux, dans un autre registre), mais je suis sûr que d'autres pourraient y trouver leur compte.