Voilà un petit film de Saint Valentin des plus sympathique. Nous venant tout droit de la terre des caribous et de la poutine, ‘’My Bloody Valentine’’ est une œuvre de pure exploitation, surfant sans vergogne sur les succès de ‘’Halloween’’ en 1979, et ‘’Friday the 13th’’ en 1980. Car oui, c’est un Slasher ! Et pas le plus clément avec son public.
Attention, film HARDCORE, à ne pas mettre devant tous les yeux. Extrêmement graphique, et généreux dans l’horreur cradingue. Pour des raisons évidentes, cette chronique sera donc balisée de HARDCORE, prévenant les moments choisis les plus HARDCORE. Et ils sont nombreux, tellement l’œuvre de George Mihalka est d’une générosité dans le gore.
Le récit prend place entre le jeudi 12 et le samedi 14 février (ce qui fait qu’entre les deux c’est vendredi 13… Habile !), dans une petite ville minière du nord Canada. Tous les hommes y sont des mineurs de fond, et les femmes sont… femmes de mineurs. Pour la Saint Valentin, un grand bal est organisé dans le village minier, mais un ancien tueur, échappé de prison, semble être de retour. Accomplissant une vieille vengeance, en trucidant un à un les membres de la petite communauté.
‘’My Bloody Valentine’’ est ce que l’on peut appeler un Slasher inspiré, qui ne se contente pas de reprendre les codes du genre pour les appliquer sans réelle compréhension. Au contraire même, puisque dans cette histoire les victimes ne sont pas des ados sans cervelles, mais des travailleurs, col bleu intégrés dans la communauté. Des couples qui vivent un bonheur palpable au cœur d’un quotidien d’une grande simplicité.
Ce film c’est avant tout l’expression radicale de ce qu’est l’amour. Et quoi de mieux qu’un massacre à la Saint Valentin pour aborder ce sujet ? Qui aurait pu sombrer dans le gnan gnan pataud à la mièvrerie insupportable. Au moins ici le sentiment amoureux s’exprime par des coups de pioche dans la gueule, par des cœurs arrachés, et tout un tas de meurtres imaginatifs, perpétrés par un mineur masqué, qui en a gros sur le cœur.
Car que recherche-t-il si ce n’est un peu d’amour, dans un monde à la rudesse décomplexée ? Du fait, cela prit en compte, cette quête s’exprime par le meurtre brutal, au cœur d’une communauté paisible, qui à trop vivre son bonheur, en oublie ceux et celles qui le 14 février souffrent en silence, dans la pénombre d’un domicile vide de toute chaleur. Le cœur alourdi par l’approche de la fête des amoureux, si chère à Jen-Luc Reichman, Tex, et Bruno Guillon.
Le tueur masqué étale toute cette peine dont souffre cœur, par le biais du meurtre HARDCORE. Cela commence par une petite vieille qu’il défonce à coup de pioche, pour la mettre dans un sèche-linge. Lorsqu’elle est découverte par le sheriff, son corps lacéré et cramé, sort à moitié du tambour, et continue de tourner. Puis le shériff découvre que son cœur, arraché, a été remplacé par un petit cœur de papier. Que de l’amour vous dis-je.
Une autre séquence HARDCORE montre le tueur planter sa pioche dans le menton d’un vieux, ce qui a pour effet d’arracher un œil de son orbite, le laissant pendouiller, retenu par son nerf optique. Le meurtre violent devient le moyen d’expression d’un cœur laissé à l’abandon, qui par la terreur et le tourment existe, dans une société qui juge ses pulsions morbides, le poussant à éliminer son prochain. Mais encore une fois, ce n’est que par amour.
Comment ne pas dès lors aborder ce passage HARCORE où le tueur choppe la tête d’une victime, et l’enfonce dans une marmite d’eau bouillante, encore sur le feu, dans laquelle cuise des saucisses de Strasbourg. Le visage, filmé en gros plan par un point de vue intra-marmite, permet de voir le visage cramer à mesure qu’il se noie, avec les saucisses venant taper dans sa face. La mise en scène devient alors immersive, pour un rendu encore plus dégueu.
Par cette démarche, le métrage bouscule son audience, puisque finalement tout ce qu’il montre est la tentative désespérée d’une âme en peine cherchant une paix intérieure, et l’acceptation de soi, en passant par une démarche trucidaire, qui en effet n’est pas cool pour les victimes, mais qui est son seul mode d’expression.
Le visage masqué de la silhouette noire, presque fantomatique, ne permet pas de montrer la moindre expression, épargnant aux spectateur/rices un déboussolage en règle. Et dès dès lors une empathie est possible envers cette personne qui souffre d’un des grands maux de notre société : La solitude.
Heureusement, la tuerie de masse est encore possible, pour montrer à la face du monde que l’on existe. Et ce n’est pas ce que contredira cette scène HARDCORE où le tueur et un marteau à clou, enfoncent un à un des clous dans le crâne d’un mineur. Victime présentée en couple, vivant un bonheur apparent renvoyé vulgairement au visage de l’homme seul et triste, qui lui aussi veut gouter à l’amour. Bien qu’il soit avant tout doué pour dégommer de l’être humain.
Comme lorsqu’il attaque une jeune femme insouciante, avec une démarche HARDCORE, en lui chopant la tête entre ses deux mains, la soulève du sol, puis plante sa nuque dans un tuyau, qui ressort par sa bouche. Il allume le robinet et de l’eau s’écoule. Le type est un artiste, comment ne pas s’émerveiller devant tant d’audace et d’ingéniosité. À l’instar de ce pauvre mineur pendu à un câble, jeté dans le vide, dont la tête est arrachée par le choc, et le corps vient s'écraser de tout son poids en contre-bas de la mine.
Censuré en son temps, du fait de la proximité de sa sortie avec l’assassinat de John Lennon, 9 minutes furent retirées du montage final. Seules 6 minutes furent retrouvées dans les années 2000, et replacer dans le film. Majoritairement des scènes d’un gore extrême, mais desqueles s’échappe toujours un peu d’amour de la part d’un homme dont la manière alternative d’aimer, n’en est pas pour autant moins sincère.
‘’My Bloody Valentine’’ c’est vraiment une œuvre sans concession, rappelant à grand coup de pioche dans la gueule que la Saint Valentin c’est une fête qui laisse beaucoup de monde sur le carreau. Et seules quelques personnes ont le courage de s’exprimer par le meurtre graphique. Pour cela il est important de leur rendre hommage en ce 14 février.
C’est ce que fait à la perfection ce métrage du Canada, demeurant l’un des Slasher les plus efficaces des années 1980. Par son atypisme et sa définition très personnelle de ce à quoi doit ressembler la Saint Valentin : Une boucherie au cours de laquelle il est important d’arracher les cœurs de ses victimes, pour leur montrer à quel point il est noir et inhumain.
Juste de l’amour, rien que ça, c’est tout ce que demande le mineur-tueur, un gros câlin et de la chaleur humaine. Et quelques coups de pioches. Parce qu’on ne se refait pas.
Joyeuse Saint Valentin à vous tous. Surtout ceux qui sont seuls, et qui trouveront peut-être dans ‘’My Bloody Valentine’’ le compagnon idéal d’une soirée romantique réussie.
Hug and Love for everyone !


-Stork._

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le 14 févr. 2020

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