Une allégorie sur la guerre en Irak et sur les mensonges du gouvernement américain, Smokin’ Aces (Mi$e à prix en français, quel titre débile) est bien moins bourrin et débile qu’il n’en a l’air. Servi par un scénario aux multiples embranchements et personnages, au centre duquel trône un magicien mafioso traqué par une dizaine de bad guys et une escouade de flics, le film met à dure épreuve notre suspension (consentie ou non) d'incrédulité.
A l'image du cinéma de Quentin Tarantino et de Guy Ritchie, le film mélange vraiment tous les styles, tous les genres et possède une structure très singulière. On évolue d’un groupe de personnages à un autre, sans jamais se perdre. Le film zappe d’un point de vue à un autre, d'un stéréotype à un autre, on mélange tout ça et on recommence. Tout s'entremêle naturellement, malgré une structure narrative complexe et de très nombreux personnages.
Avec Smokin’ Aces, on peut vraiment parler de film choral. Le film jouit d'un casting 5 étoiles (Ryan Reynolds, Ray Liotta, Ben Affleck, Andy Garcia et Chris Pine) et même 10 étoiles (Jérémy Piven, Jason Bateman, Peter Berg, Alicia Keys et Matthiew Fox), on ne sait plus où donner de la tête. Tous les acteurs sont excellents, mais mention spéciale à Jérémy Piven en magicien cocaïnomane, Chris Pine en nazi complètement cinglé et Jason Bateman hilarant en commanditaire ridiculement pathétique.
Avec cette pléiades de personnages tous plus déjantés les uns des autres, on pouvait craindre l'overdose, mais en fait il n’en est rien. Par je ne sais quel miracle, Joe Carnahan ne tombe pas dans le piège du "bordel ambiant", ceci grâce à une mise en scène aussi inventive qu'élégante et un montage qui fait preuve d’une grande fluidité et d’une cohérence impressionnante. La réalisation est très inspirée et s'autorise toutes les fantaisie, la scène de l'ascenseur avec le jeu des miroirs, en passant par l'utilisation du split screen comme dans Narc. Et malgré quelques passages assez dispensables, je pense surtout au gamin karatéka qui "a la gaule" et filmé avec une caméra épileptique, niveau mise en scène c'est la grande classe.
La BO bien énervée de Clint Mansell est phénoménale, avec notamment l'utilisation de morceaux de Nine Inch Nails, Motorhead, The Stooges, The Prodigy et même du Ennio Morricone.
Au final, Smokin’ Aces c'est un sacrément bon divertissement, l'un des meilleurs film "mindfuck" qu'il m'ait été donné de voir, à la fois drôle et fun, fou et complètement barré, généreux et prenant ... un spectacle tout simplement JOUISSIF !