Je craignais un truc bien misérabiliste et finalement ça passe assez bien.
Bon, il ne se passe pas grand chose. Ou plutôt le traitement est fait de telle sorte qu'on ne profite pas des bonnes idées. Par exemple la petite fête pour la promotion, ça aurait pu être mieux exploité, tout comme les petites vacances au ski ou encore la chasse pour un deuxième enfant. L'idée est là, mais elle est traitée basiquement, sans jamais aller au-delà. Mais bon, ça suffit déjà à faire un film qui se tient, avec des conflits, des personnages, des interactions pas inintéressantes. C'est pas juste un type et un gosse dans une cave. C'est jamais glauque non plus, l'auteur raconte ça normalement, sans chercher à juger, il raconte simplement son histoire. Et c'est en cela que c'est intéressant : c'est tellement fatigant les gens qui ne peuvent pas s'empêcher de dire que telle chose est bien ou mauvaise. Ici, on a une situation de départ, des personnages (bon c'est vrai qu'ils sont faiblement caractérisés) et l'auteur exploite cet univers.
La mise en scène est plaisante. je craignais aussi quelque chose d'ennuyeux mais finalement le réalisateur parvient à imposer un rythme. Ses plans sont le plus souvent fixes comme dans le cinéma d'Hanneke, les mouvements sont très limités, mais on s'ennuie pas ; certains pourraient être raccourcis mais on ne s'éternise jamais pour autant. Les lieux sont bien utilisés, on se repère bien dans les différentes pièces. La déco froide ajoute un plus, raconte quelque chose. Je ne suis pas sûr que ça soit l'idéal ceci dit, je pense que ça aurait pu être fait autrement et mieux. Les acteurs font du bon boulot. Je regrette juste que le personnage principal ait un visage type proche du mien (lunettes, calvitie naissante), déjà que, une fois, lors d'un remplacement, les élèves voulaient savoir si j'étais pédophile juste parce que je portais la moustache à l'époque, mais alors là... Heureusement je me comporte moins timidement avec eux en revanche, avec les adultes que je ne connais pas, je suis plus calme comme lui). Par contre c'est bon à savoir, en Autriche, les 'matures' ont l'air de craquer pour ce type de physique.
Bref, "Michael" n'est pas l'horrible film glauque social que je redoutais, c'est une petite histoire dramatique qui aurait pu être approfondie, c'est vrai, mais qui se laisse suivre.
PS : la scène du pénis à table, c'est quand même surprenant... je me demande s'ils ont filmé ça en deux fois et monté le tout ensemble ou s'ils ont vraiment tourné ça en direct (même si s'il s'agissait d'un faux pénis ce serait une scène bizarre à tourner avec un gosse).