Sans connaître le cinéma d'Arnaud des Pallières, cet essai à l'adaptation d'un fait-divers du 16ème siècle, dramatisé à partir d'un roman basé sur l'histoire de cet éleveur de chevaux cherchant justice et réparation après s'être fait dupé, révèle une profonde maîtrise artistique du medium. Un des points forts du film tient en la présence de l'incomparable Mads Mikkelsen, dans le rôle titre, et jouant en français, de façon phonétique ; ce qui lui donne une diction réfléchie et précise, qui renforce le charisme plein de sang-froid qu'il impose à l'écran. Car, pour se faire entendre, il lance un mouvement de révolte contre ce seigneur qui l'a doublé, accompagné d'autres paysans remontés, et se montre prêt à saccager le pays, sans concessions, pour le simple respect de ses principes. Les vallées environnantes sont propices à créer une atmosphère rurale à cette querelle, au milieu de paysages montagneux magnétiques, dont la captation monochrome les rapproche de l'austérité inflexible de l'Islande. La photographie est expressive, marquée sur les zones d'ombres et plus scintillante sur les couleurs chaudes ; il y a une belle profondeur dans les nuances qui happe le spectateur au sein de cette esthétique, adéquatement soulignée par des cordes funestes et tambours lugubres, qui se détachent parfois d'un sound design brut et dépouillé illustrant totalement la tonalité de cette discorde.