Ou les jours où je regrette d'avoir Arte en allemand, quand je me rabats sur France 2
Pas de critique ? Allez je me lance.
Un sujet qui avait du potentiel : l'intégration d'un petit Arabe dans une campagne française des années 60, pendant la guerre d'Algérie. La tolérance, l'ouverture aux autres, et autres valeurs positives auraient pu y être traitées.
Bon soyons honnêtes : elles l'ont été. Simplement, mal.
Le jeune Samy Seghir, que j'avais pour ma part découvert dans Neuilly sa mère, confirme qu'il ne sait interpréter que la tête dite "numéro 1 du gamin acteur" : la moue boudeuse. Qui s'accorde si bien à son regard pétillant de malice. Quand je lis de-ci de-là des « une révélation » dithyrambiques, à propos de ce jeune comédien, je me dis que le paysage cinématographique français commence vraiment à s'accommoder des acteurs médiocres qui tiennent le haut de l'affiche depuis quelques décennies (indice : l'un des acteurs concernés partage la distribution avec le jeune prodige sus-cité). Je suis fatiguée de voir des films avec Depardieu, je suis fatiguée de le voir tourner sans relâche depuis tout ce temps, je suis fatiguée de l'entendre se faire qualifier de « monstre sacré du cinéma français ». Ce mec ne joue pas bien ; plus je le vois dans des films, et plus je fais ce constat avec un léger malaise. Il joue faux, il surjoue, il arrive à faire une « scène de voiture » d'une minute sans regarder la route (et quand il ne regarde pas le passager auquel il s'adresse, il est encore capable de regarder le paysage à sa gauche, faut le faire). J'ai l'impression qu'il a tout misé sur sa « gueule », et que peu importe sa médiocrité objective, n'importe quoi passera parce que c'est « son style ». Même Nathalie Baye, pour qui j'ai une tendresse toute particulière – en tant qu'aspirante bourgeoise-classe de 40 ans – n'est pas parvenue à me convaincre dans Michou d'Auber. Elle est à côté, elle est mal dirigée, elle lance des répliques sans conviction à des acteurs qui lui donnent la réplique sans talent.
Des acteurs pas convaincants et mal dirigés, c'est déjà un mauvais début pour accrocher à l'histoire. Le montage est plat ; les moments où il est le plus plat c'est paradoxalement lorsqu'il se veut dynamique, dans des effets ratés. La musique française des années 60 par-dessus tout ça, c'est la cerise avariée sur le gâteau d'anniversaire Mac Donald (qui est pour moi une référence de mauvais goût, hein).
Les personnages sont bien sûrs caricaturaux (du moins les méchants). Je ne vais pas reprocher ça au réalisateur : j'étais partie sur un film pour enfant. C'est donc le genre d'erreur que je pardonne. La moral de fin – le Georges et la Gisèle (ça fait France profonde, les articles devant les prénoms, c'est authentique) ne sont pas heureux ensemble, mais ils finissent ensemble parce que Michou/Messaoud l'a souhaité si fort que ça a marché – me rassurent sur le fait que les couples malheureux continueront à exister et à trouver leur légitimité dans des « modèles » pareils. Pour un film que j'estime destiné aux enfants, c'est une belle morale.
Je sauverai quelques scènes du film, comme cette partie d'indiens et cowboys revisitée sauce guerre d'Algérie, jouée par les enfants à la sortie de l'école. Où l'on voit que le petit Arabe (qui n'a pas encore fait son coming-out) vit très bien le fait de participer à ce genre de jeu. Capacité de résilience des enfants, tout ça, certainement inspirée par l'auteur (Messaoud qui a grandi). Au moins, on joue pas la carte du « la société de l'époque c'était que des pourris et ce pauvre enfant n'a pas pu se construire ». On montre simplement que les enfants ont toujours eu des jeux en rapport avec leur époque, et qu'ils ont toujours su faire la différence entre les jeux et la réalité.
Ce que les adultes font moins facilement dans le film, comme dans cette « ratonnade » où de fieffés débiles taggent les murs du village à base de fautes d'orthographe honteuses.
Je vais arrêter là parce que je n'arrive pas à trouver d'autres points positifs et je n'ai pas envie de l'enfoncer plus qu'il ne le fait tout seul. Dans Michou d'Auber, y'a Gérard Depardieu. Voilà, ça devrait suffire.