Thomas Gilou : un cinéaste à succès avec ses "la vérité si je mens 1,2 ou 3. Personnellement, je me suis arrêté à n=2 et ça m'avait déjà pas mal gavé entre les clichés et les stéréotypes plus ou moins pertinents. En conséquence, j'avais abordé "Michou d'Auber" avec méfiance…
L'histoire, que je fais courte, c'est le placement en famille d'un petit enfant d'origine kabyle, orphelin de mère. Le contexte de l'histoire est la fin de la guerre d'Algérie au moment critique de l'OAS et de la tentative de "putsch des généraux à Alger". Le petit enfant est placé chez un couple dans un petit village du Cher.
L'épouse, craignant un accueil difficile auprès de son mari et du village, "francise" le nom de l'enfant (de Messaoud en Michel "Michou") et le teint en blond.
Il n'y a pas de doute, le scénario est intéressant même s'il est très prévisible voire même légèrement convenu. En effet, le petit garçon parviendra, non seulement à faire son trou dans la famille d'accueil, mais en plus deviendra le trait d'union entre les deux époux dont le couple semble bien brinquebalant. Mais, de la même façon, comme rien n'est complètement rose dans notre bas monde, la supercherie de l'identité du garçon sera découverte par une bande de partisans de "l'Algérie française" qui, à défaut d'en découdre sur place, organise des ratonnades ou des séances de peinture sur les murs du village (c'est bien plus facile et sans risque).
Mais l'intérêt du film vient surtout de l'interprétation des trois rôles principaux par Nathalie Baye, Gérard Depardieu et le jeune Samy Seghir dont c'est le premier rôle au cinéma.
Nathalie Baye est vibrante d'émotion dans son rôle de mère en mal d'enfant et qui aime le petit que la DDASS lui confie, Depardieu montre un cœur en or, une fois qu'il parvient à se débarrasser de sa pelisse d'ours mal léché.
Quant au jeune Samy Seghir, on ne peut qu'être séduit par son jeu d'enfant sage et intelligent, en quête de stabilité et prêt à aimer ses "parents de substitution".
Depardieu, Nathalie Baye et Samir Seghir sont très convaincants.
Je n'en dirai pas autant du reste du casting avec notamment Mathieu Amalric dans le rôle de l'instituteur ou de Marie Kremer dans le rôle de la libraire.
J'ai bien aimé la bande originale avec toute une série de chansons d'époque avec Dalida, Bourvil ou encore Enrico Macias (générique de fin) qui donne une couleur un peu rétro, un peu nostalgique au film.
"Michou d'Auber" est un film chargé de tendresse, de bons sentiments, tout à fait regardable même si l'histoire a un léger goût de "déjà vu"