Mickey 17
6.5
Mickey 17

Film de Bong Joon-Ho (2025)

L’expression n’est pas galvaudée ici : Bong Joon-Ho a littéralement fait une razzia de récompenses avec son génial « Parasite » il y a cinq ans à travers toutes les cérémonies du globe. On se doute que le film d’après est toujours un peu délicat dans ces conditions et scruté à la loupe. En effet, c’est à une moisson de prix en tous genres rarement vue de mémoire de cinéphile que son dernier film a eu droit, de la Palme d’or inaugurale à sa pluie d’Oscars et toute autre statuette dorée. On attendait donc avec fébrilité le nouvel opus du maître sud-coréen également auteur du culte « Memories of Murder » mais aussi de « Okja », « Snowpiercer » et « The Host ». Et on retrouve une sorte de melting-pot de tous ses films cités dans ce « Mickey 17 », adapté d’un roman nommé lui « Mickey 7 » d’Edward Ahston.


On hésite à dire que sa comédie de science-fiction est un cocktail référentiel de son œuvre, presque un long-métrage de synthèse de ladite œuvre, ou alors juste un blockbuster où on retrouve toutes ses obsessions et inspirations (de la traite des animaux à son amour pour les monstres comme Del Toro en passant par la satire de nos sociétés, ses penchants écolo ou encore la neige). Au final, c’est que cela doit être les deux. Son nouveau long-métrage se positionne comme un mix détonnant d’humour proche de la farce et de science-fiction ludique au propos souvent moqueur. Et, peu importe ce qu’on en pense car le film ne va pas plaire à tout le monde, une chose est sûre : « Mickey 17 » est un film sacrément original de prime abord et il ose emprunter des chemins de traverse étonnants pour un film avec un tel budget (120 M$). Il est d’ailleurs fort probable que le cinéaste sud-coréen ait eu les coudées franches et que le studio lui a laissé une liberté totale suite à la réussite artistique et au carton public de son opus précédent. Et c’est tant mieux.


L’idée de ce personnage qu’on peut répliquer à l’infini pour des besoins scientifiques (un consommable ou un sacrifiable selon la traduction) est géniale et la tonalité comique employée, à la limite du farfelu, donne tout son cachet et son identité au film. Et quelle bonne idée de confier le rôle principal au décidément génial Robert Pattinson! Il est proprement incroyable dans ce rôle et ajoute encore une belle performance à sa filmographie. On ne cessera de le dire, lui et son ancienne partenaire de « Twiligt », Kristen Stewart, sont les acteurs actuels à la carrière post grosse saga la plus réussie, pointue, passionnante et étonnante de leur génération. Il joue ici deux rôles et n’a jamais peur du ridicule tout en déployant un beau tempo comique. Il nous régale. En revanche, le principal reproche que l’on pourrait déplorer envers « Mickey 17 » demeure son penchant à parfois lorgner trop vers la grosse farce. L’équilibre est même presque rompu parfois, cette œuvre se situant toujours sur le fil ténu qui la sépare de la bouffonnerie (la scène du repas en est l’exemple parfait, à la limite du ridicule et du lourd). On peut trouver également le film un peu long, notamment sur la fin, et déplorer des thématiques faciles et déjà vues.


D’ailleurs, on a le sentiment étrange de voir un film au script écrit avant l’élection américaine et qui misait que Trump allait perdre pour capitaliser sur cela dans sa satire du monde d’aujourd’hui et des dictateurs de pacotille. C’est donc ici de manière forcement erronée mais paradoxalement encore plus réaliste donc (on se souvient du tweet de Trump sur la victoire de « Parasite » aux Oscars...). C’est d’autant plus troublant que le film devait sortir il y a un an, on sent donc clairement des piques envoyées à l’actuel président, à Musk et tous ces types de personnages dans celui incarné avec panache mais parfois un peu trop d’excès par Mark Ruffalo. Visuellement, « Mickey 17 » a de la gueule et son univers de science-fiction ainsi que la planète visitée avec ses gentilles créatures est probant. Les aventures de ce personnage, sorte de clown triste, sont bien développées et on apprécie les gags qui découlent de sa mort mais il manque un peu plus de réflexion sur le trépas justement. Au final, pas un chef-d’œuvre mais une comédie de science-fiction qui change de tout ce que l’on peut voir en nous gratifiant de quelques moments gratinés et avec du fond et de la réflexion sous les coutures de la boutade.


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JorikVesperhaven
7

Créée

il y a 2 jours

Critique lue 10 fois

Rémy Fiers

Écrit par

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