Le seul classique avec la "bande à Disney"
Oui, vous avez bien lu. Certains ne seront pas d'accord: "Et les "Trois Caballeros" ? et "Coquin de Printemps" ? Et les deux "Fantasia" ?", me demanderont-ils. Du calme, je ne les ai pas oubliés. Simplement, ces films ne font intervenir qu'un quatuor (Jimini Criquet, Donald Duck, Mickey Mouse, Dingo) dans "Coquin de Printemps", un trio (Donald Duck, José Carioca, Panchito Pistoles) dans "Les Trois Caballeros", deux personnages (Mickey Mouse et Donald Duck) dans "Fantasia 2000" et un seul et unique personnage (Mickey Mouse) dans "Fantasia". Dans "Les Trois Mousquetaires", c'est à un véritable florilège de personnages classiques que nous avons droit, avec dans le désordre: les frères Rapetou, Donald Duck, Dingo, Clarabelle Cow, Mickey Mouse, Minnie Mouse, Daisy Duck, Pat Hibulaire… Le film, plutôt qu'une aventure parmi d'autres, se rapproche d'une préquelle aux cartoons et BD des personnages (sensée donc se dérouler à la toute fin des années 20), narrant ainsi les premières rencontre de Pat Hibulaire avec toute la bande, de même que celles de Mickey et Minnie et de Donald et Daisy. Au passage, l'état américain où vivent les personnages, hésitant dans les BD entre Calisota et Calidornie, devient ici la Nouvelle-France, une bienheureuse homonymie qui permet de justifier les emprunts à Alexandre Dumas. Car oui, il ne s'agit que d'emprunts, assez peu nombreux d'ailleurs, et non d'une adaptation en règle du célèbre roman; c'est en partie pour des raisons marketing que Disney a décidé de le nommer ainsi. Du côté des personnages nouveaux venus, se détachent la Tortue Troubadour (mais seulement si l'on regarde la film dans sa version originale anglaise: tout le sel du personnage réside dans son accent français, qui disparaît forcément dans notre doublage !) et la mère de Pat Hibulaire, citée dans une des séquences mais qui est donc une petite révélation sur ce personnage si célèbre qu'est Pat. Les seuls personnages principaux dont on peut déplorer l'absence du film sont l'oncle Picsou, les triplés Riri, Fifi et Loulou, etHorace Horsecollar et le Fantôme Noir, mais cette absence s'explique dans les cas de Picsou, des triplés et du Fantôme par le fait que leur présence aurait constitué une erreur chronologique, puisqu'en 1925 les canetons n'étaient pas encore nés et que la bande n'avait pas encore fait la connaissance de Picsou et du Fantôme. Bon, voilà pour l'histoire.
Ensuite, examinons la partition musicale. Elle n'est pas vraiment inédite: les nombreuses chansons sont tous des caricatures d'airs d'opéra ou d'opérette célèbres. Autant en anglais qu'en Français, les paroles détournées sont absolument hilarantes, à commencer par la chanson d'amour de Dingo et Clarabelle, détournement d'un des airs phares de "Carmen", et la Chanson de Pat Hibulaire (une distinction à laquelle Pat Hibulaire, pourtant le plus ancien membre du club des Méchants Disney, n'avait curieusement pas encore eu droit), tirée d'un air de "Peer Gynt".
L'animation n'est pas tout-à-fait sans reproche, les belles années du studios ayant hélas pris fin dans ce domaine une trentaine d'années plus tôt, mais reste très fluide et agréable à l'œil. Elle ne peut néanmoins pas constituer un argument à part entière pour voir le film: elle sert honorablement le film sans démériter Disney, sans y apporter grand-chose. Les décors et les couleurs sont dans le même honorable anonymat: remarquables ni par leur mauvais goût ni par leur génie, ce sont de simples artifices du film, dont les vrais points forts sont l'humour et les chanson.
En conclusion, "Les Trois Mousquetaires" est très convaincant dans son rôle de Disney récent même s'il ne fait pas le poids par rapport aux réalisations des années 40 à 70; il est à voir par des enfants éveillés et des adultes soucieux de passer un bon moment de rigolade…