Micmacs à tire-larigot par Film Exposure
Cinq ans après Un Long Dimanche de Fiançailles, Jean-Pierre Jeunet est de retour sur nos écrans avec Micmacs à tire-larigot. A la vision du film, on se demande bien pourquoi il lui aura fallu aussi longtemps pour nous servir cette purée. Visuellement d'abord, Jeunet ne fait que de recycler son éternel et bientôt vomitif filtre sépia. Du côté de la distribution, aucune surprise en vue non-plus, exception faite peut-être pour le désormais très rentable Dany Boon qui est venu remplacer Jamel Debbouze à la dernière minute. Du côté de l'inspiration, Jeunet puise inlassablement dans le même sac, aux répliques du genre « j'aime plonger ma main dans les sacs de grains » d'Amélie Poulain on est passé aux « vous êtes vous déjà demandé combien fallait-il de pas pour arrondir une marche d'escalier ? ». C'est bien là le problème, si Jeunet (accompagné de Marc Caro) a su être extrêmement inventif à l'époque de Delicatessen en nous montrant du jamais vu dans le cinéma français, 18 ans et 4 films après, on réalise qu'il n'a jamais cherché à faire autre chose et, au fil du temps, l'originalité s'épuise. Ce qui était inventif il y a bientôt 20 ans est aujourd'hui lassant et ce qui était plein d'humour et de poésie n'est plus drôle.
Pendant plus d'une heure quarante on assiste alors aux bégaiements d'un Jean-Pierre Jeunet à cours d'inspiration et qui est obligé de crétiniser ses personnages pour tenter de les rendre originaux. La palme revient à Julie Ferrier, incroyablement mauvaise en contorsionniste qui aurait eu meilleur temps d'être muette. Il n'y a que l'irréductible et infatigable Dominique Pinon qui arrive encore à nous faire sourire. Alors ça cabotine à tord et à travers, ça poétise les chaussures trouées d'un clochard et ça s'auto cite dans une prétention rarement atteinte (Jeunet joue à celui qui arrivera à caser le plus de fois l'affiche de son film à l'image). Quant à la morale finale vulgairement amenée, c'est comme le reste, lourdingue.
Inutile de vous dérangez donc, regardez plutôt le premier court métrage de Jeunet sur la toile. Intitulé Foutaises, celui-ci contenait déjà, en 1989, tout ce que le bonhomme avait à nous proposer : de la petite poésie faite à base de détails insignifiants de la vie. Force est de constater que 20 ans après, c'est toujours la même tambouille qu'il nous sert.