Je suis tiraillé par ce film. Parce que j'ai été habité quasiment tout le film par deux sentiments qui m'empêchent de pencher vers le très bon ou le mauvais: un suspens palpitant qui tient en haleine face à une caricature bien triste et pathétique des Turcs et donc pas extension de la Turquie.
La réalisation et la musique sont excellentes et sur cela je n'ai rien à redire. Dès la première scène à l'aéroport, on est pris aux tripes par Bill Hayes et on se demande à quel point il va payer sa connerie, qu'il ne prend pas très au sérieux d'ailleurs "I'm not afraid". On a donc d'abord envie qu'il paie pour sa faute: après tout ce n'est qu'un "petit con d'américain" qui se croyait tout permis à l'étranger !
Puis il est pris au milieu d'un conflit USA-Turquie et d'un imbroglio judiciaire qui le dépassent et Bill devient attachant au fil des tortures et de sa relation avec Susan sa chère et tendre mais aussi son père. Pourquoi ne pas en être resté là ? N'était-ce pas suffisant comme base dramatique pour nous conter son quotidien carcéral et son évasion ?
Apparemment non. Parce qu'Alan Parker (ou Oliver Stone qui était en charge du screenplay) sont tombés dans l'écueil de l'Amérique arrogante tant le portrait qui nous est tiré de quasiment tous les Turcs dans le film est scandaleux.
Il fallait que l'histoire se résume à d'un côté le jeune américain surpayant un crime mineur (sans que l'on s'interroge sur la gravité culturelle de la consommation de drogues en dehors de notre petit monde occidental) face à une armée de Turcs tous tortionnaires, sanguinaires, bourrus et insensibles.
Et là le film sombre: on n'a plus envie de croire à cet acharnement général et la portée du film en patit in fine. On est déçus par cette surenchère qui a pour apogée la bagarre entre Rifik et Billy qui finit par lui mordre et arracher la langue : toujours plus !
Mais je suis heureux d'apprendre qu'Oliver Stone s'est excusé aux Turcs il y a quelques années et que Billy Hayes était lui même déjà très critique face à l'adaptation qui a été faite de son histoire.