Le Train de l'abattoir (titre officiel francophone de la nouvelle de Clive Barker dont le film s'inspire) est une bonne surprise, qui se démarque vraiment dans le paysage de l'horreur cinématographique contemporaine. L'histoire de Leon Kaufman qui se balade dans les bas-fonds de la ville pour obtenir le cliché qui fera décoller sa carrière et tombe sur un boucher dans le métro qui charcute les derniers passagers. On est en plein dans la légende urbaine, avec du gore outrancier qui louche du côté de Sam Raimi (Evil Dead) et de Peter Jackson (Braindead) sans pourtant aller si loin dans l'humour. Le film est sérieux et la chute de la fin lui donne une vraie légitimité et une intégrité qu'on ne voit plus beaucoup ces temps-ci. Le boucher du train, muet et impassible, fait juste son boulot, sans une once de sadisme. Le rythme du film a beau être globalement mal cadencé, avec quelques phases ennuyeuses et des acteurs plutôt plats, l'esthétique artistique froide à la Francis Bacon, l'humour végétarien et le jusqu'au boutisme de la réalisation en fond une petite perle du cinéma d'horreur. C'est intéressant de voir comment ce film a été sacrifié par sa société de production, Lionsgate, qui l'a sorti que dans quelques salles aux Etats-Unis. Du coup, le film est un échec retentissant, ne gagnant qu'un quart de son budget en recettes. Quand on compare ce Train de l'abattoir aux films d'horreur mainstreams de la décennie qui ressemblent de plus en plus à des spots publicitaires malsains, on se dit que l'industrie du cinéma va bien mal.