Cet homme restera un mystère même si l'affiche de Midnight Runner, et le long-métrage lui-même, optent pour la schizophrénie. Son véritable nom est bien connu en Suisse mais le film a choisi de l'appeler Jonas Widmer pour des raisons judiciaires aisément compréhensibles. Avant d'être lancé sur les écrans d'Helvétie, Midnight Runner a fait l'objet d'une projection-test dont les remarques ont nettement modifié son montage avec notamment une vingtaine de minutes rabotées sur la durée initiale et une plus large place consacrée au frère disparu ([spoiler]suicidé[/spoiler]) de Jonas. Coureur talentueux, cuisinier [spoiler]et criminel[/spoiler], le portrait de cet antihéros est complexe et le film se garde bien de donner des explications psychologiques avérées à son cas. Cette neutralité (suisse) n'est pas en soi un défaut mais l'aspect purement factuel de l'intrigue et son déroulement uniquement vu du côté du protagoniste principal dessinent les limites de ce premier film de Hannes Baumgartner qui, jusqu'à preuve du contraire, n'a pas (encore) la science clinique d'un Michael Haneke. Ceci dit, Max Hubacher, dans ce rôle ingrat qui le fait figurer presque constamment à l'écran, livre une composition intense et impressionnante. Il est le meilleur atout de Midnight Runner, ce triste requiem autour de la solitude et les pulsions d'un coureur de fond.