Et le temps s'arrêta... pour 1h51 !

Midnight Special est un film à la fois simple et complexe, sa narration très fluide mais pourtant parsemée d'éléments intelligents que les plus passionnés s'amuseront à décrypter. Digne héritier d'un cinéma spielbergien que le réalisateur persiste, semble-t-il, à "renier", sans doute parce que le poids de cet héritage s'avère aussi risqué que "réducteur", justement pour un metteur en scène talentueux qui se veut le plus honnête et innovant possible.


Et il y a bien des fois où le cinéma a ce don d'arrêter le temps, Midnight Special en est un parfait exemple. Cette nouvelle manière d'aborder la science-fiction, tout en restant très terre-à-terre, est une pratique qui s'avère payante et le réalisateur en question possède un goût prononcé pour le fantastique, n'hésitant pas à le greffer à ses histoires. Jeff Nichols est un enfant des années 80, biberonné aux productions de cette époque tant chérie par ses compères trentenaires. Par dessus ses références bien senties et ses hommages qu'il dissimule judicieusement, Jeff Nichols a à coeur d'imposer sa patte artistique et on sent bien qu'il s'implique pleinement et amoureusement dans ce métier.


Entre mystère, frayeur, humanité et surnaturel, Midnight Special est certes une déclaration d'amour à un genre bien précis, possédé par l'esprit de Spielberg. Un film qui s'inscrit dans une tradition lointaine mais toujours vivante, mais au-delà de ça, c'est l'aventure d'un père et d'un fils pas comme les autres qu'on accompagne avec un grand intérêt et qui réserve une certaine charge émotionnelle qu'on aimerait ressentir plus souvent. Prenant ainsi tout son temps pour approfondir ses idées, jusqu'au plan final vraisemblablement excellent et significatif d'un cinéma populaire destiné à une tranche d'adultes.


Si vous avez aimé les précédents films de Jeff Nichols, vous ne serez pas perdus.
Si vous avez soif de fantastique et de délire spielbergien, vous serez conquis.
Que vous soyez fan de "Rencontre du troisième type" ou de "E.T. l'extra-terrestre", ce serait une erreur de passer à côté.


Attention, qu'on se comprenne bien, c'est un film absolument à part, ne se reposant pas sur ses lauriers et ne faisant pas de la redite des plus grands succès des années 80. C'est un film qui va plus loin que ça, pour peu qu'on s'implique dans cette fuite déchirante d'un père qui bénéficie, comme je l'ai souligné, d'un climax parfait.

Eren

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