Duplicity lights
Il faut un certain temps pour mettre le doigt sur l’emprise générée par Midnight Special. Parce qu’il est accidenté, parce qu’il n’est pas exempt de défauts, le trajet qu’il propose nous embarque...
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Jeff Nichols a répondu de la façon suivante à Télérama, qui lui demandait pourquoi il avait choisi de faire un film de science fiction :
Au départ, j'avais juste une image en tête : deux hommes en voiture, roulant dans la nuit, tous feux éteints et à pleine vitesse, sur une route du sud américain. Une ambiance, quelque chose d'énigmatique, de sombre, qui m'a en quelque sorte tiré vers la science-fiction. Mais pour raconter quoi ? Je n'en avais pas la moindre idée.
On peut au moins reconnaître une grande honnêteté au bonhomme. Car hormis le dit magnifique passage de bolide vrombissant dans l'obscurité totale, et malgré quelques mystères essaimés çà et là en introduction pour ferrer le spectateur, Midnight Special se révèle particulièrement vide et chaotique à la fois narrativement parlant, pour aboutir sur un déroulé lénifiant.
Convenu dans ses archétypes (l'enfant au cœur des enjeux ; la chasse à l'homme), lesté de thèmes vus et revus (la filiation ; la foi), le scénario - aux sous-intrigues quasiment toutes abandonnées en cours de film sans justification - se délite progressivement avec un rythme de sénateur, avec hélas des coquilles vides en lieu et place de personnages auxquels il était nécessaire de s'attacher pour trouver un intérêt à la pellicule.
Jeff Nichols n'essaye même pas de donner, si ce n'est de la vraisemblance, au moins de l'épaisseur à son scénario. Il requiert de la part du spectateur d'avaler les facilités & écarts qui tournent pensums pour adhérer à son histoire. Problème, quand on ne parvient pas à passer outre ces pré-requis, Midnight Special tourne laborieux, ennuyeux. Il n'a pas un simili d'ambiance que Mud pouvait insuffler pour compenser. Et ce n'est pas sa fin qui voudrait verser dans le grandiose sans se séparer de son "mystère" (commode approche pour ne pas avoir à justifier quoique ce soit) qui nous réconcilie avec.
Que sauver de Midnight Special ? Son introduction, particulièrement cette voiture filant dans la nuit ; son thème musical au piano lourd ; quelques plans larges ou très serrés de nature ; une blague très meta d'Adam Driver ; un humour léger mais efficace qui parfois point... Pas grand chose de plus.
Créée
le 20 mars 2016
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