Duplicity lights
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le 17 mars 2016
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C'est une question de croyance mais pas celle qu'on croit, pas celle de la secte "The Ranch" qui voit en Alton le messager de Dieu, mais celle qui lie le cinéaste et le spectateur, celui qui raconte et celui qui reçoit. C'est un lien naïf et puissant, inaltérable, celui des contes, de l'imaginaire et de toutes les aventures possibles.
C'est aussi le lien entre un père et son fils, une mère et son fils, cet amour fou nourri de confiance absolue qui permet d'abattre tous les obstacles et d'accepter que le fils s'en aille. C'est une abnégation supérieure, bien plus animale et radicale que celle de toute croyance en Dieu, le besoin de protéger son fils et de s'inquiéter pour lui ("that's the deal"), puis la nécessité de le laisser.
Midnight special c'est tout cela mais aussi un film d'aventure admirablement mis en scène et rythmé, porté par la belle partition de David Wingo, un film de science fiction à la narration épurée et aux dialogues essentiellement factuels. Pas de théories verbeuses mais cette foi dans le conte et le merveilleux qui se matérialise en toute fin dans une iconographie échappée des années 70 mais totalement contemporaine. On pense à la cité d'Abyss et à la roue habitée d'Elysium (seul intérêt de ce film raté), à toutes ces citées futuristes nées des rêves d'illustrateurs enthousiastes.
Les comédiens eux-mêmes, tous excellents, incarnent leurs personnages avec une sobriété qui renforce l'épure du film et l'accompagne dans sa belle simplicité. Un regard suffit, un bref échange, une parole et tout est dit. Seul compte le mouvement, le destin de cet enfant différent, la fin aux accents merveilleux, les derniers regards entre le père, puis la mère, et leur fils.
Simple et beau, simplement beau, Midnight special permet à Jeff Nichols de nous proposer son premier film totalement abouti. Pourvu que ça dure !
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Créée
le 21 mars 2016
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