Le sacre de l'été
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La folk horror a été largement popularisé par The Wicker Man en 1973, mais rares sont les œuvres qui se sont emparées de ce sous-genre à bras le corps pour livrer une vision païenne et rurale de la terreur. Si on peut penser à The Village comme respectant le carcan à la lettre, on a plus souvent à faire à des emprunts mêlés à d’autres formes horrifiques, notamment dans le Hereditary du même Ari Aster. Unréalisateur qui arrive à nous faire pénétrer son esprit torturé avec une immersion formelle de haute volée, quand bien même son dernier rejeton, Beau is Afraid, m’a laissé sur le carreau par son foutraque.
Midsommar est une expérience sensorielle où érotisme, violence brute et grand guignolesque se mêlent savamment dans un exercice qui ne laisse pas indifférent. Il se pare d’une photographie magnifique, d’une représentation des effets psychotropes bluffants, d’une musique qui pénètre le spectateur au plus profond, faisant croître le malaise au fur et à mesure de cette plongée dans un enfer diurne fascinant. Et tout ça, portée par une fantastique Florence Pugh dont le rôle lui a permis d’atteindre le firmament.
Elle incarne à la perfection Dani, une étudiante dont la relation avec son mec, Christian, était censée toucher à sa fin mais persistera à cause du décès de sa famille dans des circonstances traumatisantes. Elle a tout perdu et se retrouve avec un partenaire coincé dans la bienséance, dans un couple contraint. Elle s’écrase devant lui, rejetant toutes les fautes sur elle-même, de perdre son dernier soutien émotionnel, quand bien même celui est factice et trompeur. Dani est au plus bas, au sommet de la vulnérabilité.
Une proie parfaite pour une communauté qui semble accueillante, respectueuse de la vie, et se targue d’être une grande famille soudée où chacun peut compter sur l’autre. Un nouveau cercle dans lequel s’épanouir si tant est que l’on adopte ses préceptes, initialement étranges, progressivement dérangeants, et ultimement malades. Le parcours de Dani semble pourtant aller dans le bon sens, alors qu’on la voit remonter la pente et que ses crises de panique s’espacent et se contrôlent. Et alors qu’elle sourit, enfin, nimbée de lumière, on pourrait croire que le sort de ses compagnons de voyage en valait bien la peine. Sauf qu’on a aussi vu que ce sort était celui de morts violentes, que la philosophie harmonieuse de la secte du Hälsingland rentrait à grands renforts d’hallucinogènes. L’insidieux passe par une aliénation constante, accrue par ce jour perpétuel qui brouille les repères temporels. La représentation du partage empathique des émotions d’un individu par la foule, qui reproduit de vive voix les traumas et extases audibles de la personne véritablement concernée, est une idée sublime, un mélange horrifiant de burlesque et de beauté. Mais là aussi le voile tombe, alors que la communauté pousse des cris d’agonies en écho de ceux du sacrifié volontaire qui, alors que les flammes commencent à l’envelopper, se rend compte de l'esbroufe complète du système alors que ses tourments débutent, qu’il est seul face à la douleur.
Et le spectateur sort de sa séance hébété, transi. La démonstration a été frappante et d’une maîtrise formelle irréprochable. Les réactions sont viscérales face au film, que l’on rejette en bloc ce que l’on nous a fait vivre, la torture sensorielle qui nous a été imposée, ou que l’on soit ébahi devant cette traversée du solstice infernal. J’avais vu Midsommar en salle, et je l’ai montré par trois fois à des proches depuis, et personne n’en est sorti indemne, sauf l'œuvre elle-même.
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Créée
le 11 juin 2024
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