Le sacre de l'été
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Un film pour le moins dérangeant et sinistre. Par de nombreux aspects, il m’a rappelé The Wicker Man de 1973 (le culte panique dans un coin reculé, les étrangers attirés à leur insu, l’atmosphère déconcertante), mais il se démarque aussi par les éléments qu’il met en œuvre pour créer l’angoisse et l’oppression ressentie par le personnage. L’élément horrifique n’est pas forcément là où on le croit, ce qui le rend d’autant plus insidieux. Cet élément, c’est la toxicité masculine qui nous prend à la gorge dès les premières minutes, avant même qu’on arrive dans la fameuse culture, et elle ne finira par nous lâcher que vers la fin.
Si le protagoniste principale est bien Dani, ce sont bien ses « camarades », et en particulier son copain Christian, qui vont subir les conséquences de l’horreur, tandis qu’elle va renaître, à l’image du symbole qu’elle représente à la fin du film. Le film est très bien construit, entre son atmosphère éthérée et en dissonance avec le personnage, jusqu’à ce qu’elle l’assimile, et aussi sa très lente progression et évolution. Il n’y a pas de longueurs, loin de là, mais le rythme sert tout autant à déstabiliser le spectateur, et les personnages, notamment avec ce côté de jour permanent qui fait perdre les repères. De même, le film ne créera pas de réelle surprise sans pour autant être prévisible.
S’il verse dans le penchant folklorique du genre, on y retrouve tout de même certains codes de l’horreur (que ce soit narratif ou de réalisation). L’intrigue gardera cette enveloppe de mystère crescendo, où chaque scène nous entraîne de façon imprédictible vers la suivante ; non pas en nous surprenant, mais parce que parfois, certaines scènes vont là où on attend qu’elles aillent, tandis que d’autres prendront un chemin différent, ou surviendront plus tard que ce qu’on aurait cru. Cela crée une sorte de faux-rythme, accentué par les brusques explosions de violence. Tout est fait pour déstabiliser aussi bien spectateurs que personnages, et ça fonctionne plus que bien puisqu’au bout du compte, la conclusion s’inscrit à merveille au sein de l’intrigue, puis clore son arc narratif, ce qui la rend d’autant plus percutante et puissante.
Le casting est dans l’ensemble plutôt bon, même si je n’ai pas eu de gros coup de cœur. Jack Reynor et Vilhem Blomgren sont assez convaincants dans ce qu’ils jouent et représentent, Will Poulter peut-être un poil trop charicatural ; et le reste du casting suédois sont crédibles. Quant à Florence Pugh, elle dégage un prestance intéressante, car on ressent bien ses faiblesses, ses blessures, son insécurité, son trouble ; mais, à l’image de son personnage, elle exprime très bien cette évolution, cette sorte de montée en puissance jusqu’à la fin. Sans forcément renverser la vapeur, elle déploie un charisme intéressant, car elle propose quelque chose d’assez viscéral par moment, et demeure bien le même personnage, mais qui a évolué, changé, guéri.
Sur le plan technique, tout est mis en œuvre pour participer à cette ambiance déstabilisante et oppressante si particulière. Que ce soit la musique atmosphérique qui joue sur de longues dissonances, les plans hyper soignés qui jouent sur plusieurs niveaux et renforcent le côté surréaliste de certaines scènes, notamment avec un jeu sur la photographie et les couleurs pour le moins remarquable et très visuel ; j’ai beaucoup aimé. Il y a bien sûr aussi les décors et la géographie assez bien délimitée, et comment là aussi la mise en scène joue avec pour donner une autre dimension à l’intrigue.
Bref, pas déçu pour ce film. Sans doute déstabilisé, aucun doute là-dessus, mais c’est justement un genre de film que j’apprécie beaucoup, car il est très atmosphérique, très sensorielle, très visuel ; et il joue sur plusieurs codes pour nous dépeindre une histoire à la fois forte et palpitante. À ne pas rater, mais pour un public averti.
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Créée
le 3 oct. 2021
Critique lue 97 fois
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