Adolescent, Roland Emmerich fut si impressionné par La bataille de Midway qu'il se jura d'en faire sa propre version. Plus de quarante ans plus tard, son rêve devient réalité, avec l'apport de capitaux chinois, vu que les grandes Majors hollywoodiennes ne croyaient pas en un film de guerre en 2019.
Dans les faits, le film se veut plus authentique que celui de Jack Smight, avec des pilotes plus jeunes, les vétérans étant au sol, et on n'a plus droit à l'utilisation de stock shots pour les scènes de batailles aériennes, place aux effets spéciaux.
Cela donne quelque chose d'impressionnant, où tout le prologue est l'attaque de Pearl Harbor par les Japonais, mais où Emmerich semble vouloir éviter à tout prix la comparaison avec le film éponyme de Michael Bay ; c'est un autre point de vue, dirons-nous. Ensuite, quelques mois plus tard, c'est la bataille de Midway, décisive pour le contrôle du Pacifique. Mais je trouve qu'il y a quelque chose de brisé dans l'utilisation continue des effets numériques, qui tuent en quelque sorte une magie, car là, on dirait qu'Emmerich s'en donne à cœur joie dans les mouvements de caméra improbables. Ça donne parfois des moments réussis, les atterrissages souvent difficiles des avions restants retournant dans leur porte-avions, ou les plongeons en pic vers les bateaux ennemis, qui sont parfois loupés, le missile tombant dans la mer.
Tout comme La bataille de Midway, on a aussi le contrechamp japonais, qui parlent leur propre langue, et là aussi, ils sont clairement montrés avec respect, jusqu'à reprendre la fameuse phrase de Yamamoto à la sortie de la Pearl Harbor disant en substance qu'ils ont réveillé un colosse.
C'est du bel ouvrage, mais ça manque clairement de chaleur, d'âme ; il faut dire que les acteurs sont souvent pâlots, Luke Evans excepté, et que les grands noms comme Dennis Quaid ou Woody Harrelson sont davantage des seconds rôles. Un bon point néanmoins pour avoir évité une romance inutile, Mandy Moore étant la seule femme, mais pas de triangle amoureux à l'horizon.
L'intention de Roland Emmerich étant sans doute louable, rendre à la fois hommage aux combattants américains ET japonais, ainsi qu'à un rêve d'adolescent, mais Midway est clairement mineur dans sa filmographie.