Migration ne transpire pas l'effort, c'est le moins qu'on puisse dire. Dès ses prémisses, il est permis de laisser échapper un premier soupir de lassitude devant cette énième opposition thématique entre obsession sécuritaire et soif d'aventure échevelée. Le pire est que ce conflit central qui divise les membres de cette famille à plumes ne sera jamais réellement traité.
Le dernier né des studios Illumination préfère accumuler les scènes d'action à un rythme effréné, alors que celles-ci présentent la suprême audace de ne reposer que sur un unique et maigre enjeu : les volatiles vont-ils êtres mangés, ou non ? Un comble pour un récit qui promettait monts et merveilles de par sa nature d'odyssée aérienne, propice à d'enivrants concentrés d'énergie cinétique comme à une vraie portée mythologique.
Chicken Run 2, également sorti récemment et par un curieux effet de mimétisme, était tout entier construit sur le même ressort dramaturgique. Cependant, cette épure narrative était assumée comme prétexte à une avalanche de gags plus créatifs les uns que les autres. Le film ne prétendait pas être autre chose et pouvait en conséquence bénéficier d'un vrai soin à l'ouvrage.
Même sur ce terrain-là, Migration fait pâle figure et hormis quelques saillies hilarantes à base d'expressions faciales cartoonesques, le film dilue son potentiel comique dans des formules essorées de redondantes course-poursuites. Apothéose du non-sens, ces dernières ont pour la plupart lieu au sol dans les plus convenus des décors urbanisés.
Migration est un cas d'école de médiocrité créative et de plagiat sans âme. Mix bâtard entre les influences du studio à la lampe (Némo et Ratatouille en première ligne) et celles d'Aardman, il réussit l'exploit d'en recycler les composantes les plus distinctes pour mieux les évider de leur substance. Il en résulte une cruelle absence d'identité qu'Illumination semble traîner comme une malédiction.