Un petit malfrat sort de prison et est alpagué par ses anciens collègues et son boss, dit l'Américain car avant de purger sa peine, il manquait une livraison de 300 000 lires, et ils le soupçonnent de les avoir cachés.
Avec ce film, adulé par Quentin Tarantino, Fernando Di Leo va s'attaquer à une trilogie de Poliziottesco, qui parle ici en substance d'un Milan corrompu et pourri jusqu'à la moelle, à l'image de la police qui fricote avec les truands, et c'est sans doute un des meilleurs de son genre. Non seulement c'est tendu jusqu'au bout, mais il y a une galerie de personnages formidables qui tournent autour de cet ancien taulard joué par Gastone Moschin, un massif et imposant, mais paradoxalement discret et peu bavard, que j'ai reconnu tout de suite car il jouera deux ans plus tard Don Fanucci dans Le parrain 2eme partie.
Il va garder l’ambiguïté de la question, à savoir s'il a caché ou non les 300 000 lires, dans le but de s'échapper avec sa compagne jouée par l'exquise Barbara Bouchet, qui nous gratifie d'une danse très sensuelle qui n'a pas rendu Tarantino insensible, au point qu'il s'en est inspiré pour Boulevard de la mort.
En dépit d'une censure qui a forcé le réalisateur à couper quelques plans, le film est d'une grande violence, à l'image de cette introduction où un homme a le visage lacéré par une lame de rasoir, et tout le final que je trouve d'une grande force, car jusqu'au bout, il va y avoir un suspens. En tout cas, l'interprétation générale est de qualité (on retrouve l'excellent Mario Adorf en homme de main de l'Américain Lionel Stander), et son grand succès va plus ou moins lancer le genre très florissant du Poliziottesco, qui va représenter une Italie violente et sanglante dans les années 1970.
Pour l'anecdote, sa réputation, encore de nos jours, est telle qu'une suite sera réalisée en 2020 (soit près de 50 ans plus tard), toujours avec Barbara Bouchet !