"Millenium", le livre (le premier volume au moins), avait été une expérience suffisamment marquante pour moi pour qu'il m'ait été complètement impossible à l'époque de regarder son adaptation cinématographique comme un film "normal", voire même comme un "film" tout court. J'avais passé la première fois deux heures vingt à analyser l'intelligence de l'adaptation du scénario aux contraintes du temps compressé : force était d'admettre qu'il s'agissait d'un beau travail, le plus important y étant, même si certaines omissions nuisent à la complexité du personnage de Blomkvist, qui, du coup passe clairement ici au second plan par rapport à Lisbeth, très bien incarnée par Noomi Rapace. La confrontation des images de Arden-Oplev à celles que j'avais construites dans ma tête, curieusement semblables, la recherche chez les acteurs choisis de la vérité des personnages avec lesquels j'avais passé des heures passionnantes, tout cela fonctionnait : "Millenium", le film, remplissait assez joliment son programme, en dépit d'un indéniable coup de mou dans sa conclusion, une fois l'énigme principale résolue. La comparaison avec la version de Fincher, sortie ensuite, qui souffrait quant à elle du syndrome bien connu de "l'internationalisation" (la langue anglaise par exemple...) oblige néanmoins à se demander s'il y a un peu de Cinéma, de vrai Cinéma, derrière tout ce professionnalisme "efficace" ? Ce n'est pas certain... [Critique écrite en 2009, complétée en 2017]