Un peu plus d'un an après le géniallissime The social network, David Fincher enchaîne sans démordre et conserve une qualité constante. Ayant lu et aimé le premier Millénium en livre, on se dit vite qu'on ne pouvait pas trouver mieux que Fincher pour le porter à l'écran, lui qu'on ne présente plus, le maître incontesté du thriller, un génie de l'image (voir le générique à faire rougir ceux de James Bond).

La longue durée du film m'effrayait (2h30 montre en main) mais au final, c'est passé comme une lettre à la poste, j'aurais même voulu que cela continue un peu plus, mais bon on peut déjà se satisfaire d'avoir une adaptation qui transpire autant à la fois la classe et le glauque. Pour autant, Fincher ne livre pas son meilleur, l'enquête est plutôt prenante, un peu en pointillé mais à chaque élément nouveau, c'est revigorant pour la suite. J'aime comment il nous présente la famille, on peut se perdre dans les noms mais il n'y pas de quoi être inquiet puisque le spectateur est au même stade que Mikael Blomkvist, dans le flou mais de plus en plus déterminé à résoudre cette enquête. Bien que je savais à l'avance la résolution de l'histoire, j'avais extrêmement envie de la voir à l'image, c'est presque comparable à Zodiac où l'on était habité par l'envie de découvrir l'identité du tueur. Sur Millénium ce n'est peut-être pas aussi grand, mais ce ressenti est quand même de nouveau là, rare sont les fois où un thriller m'agrippe autant.

Tout le début alternant les personnages de Mikael et Lisbeth est en petite infériorité par rapport au moment où les deux figures se rencontrent enfin, deux mondes opposés alliés dans une enquête toujours captivante, c'est juste méga attirant et Fincher le porte merveilleusement bien à l'écran. Le monsieur a de toute façon souvent montré dans ses films comme un feu de glace entre deux personnages (Seven et ses deux enquêteurs, Fight club et ses deux personnalités, Benjamin Button et ses deux âges croisés). La mise en scène est proche du bijou visuel, j'adore le contraste entre les paysages froids de la Suède et les couleurs chaudes de la maison de Martin (pilier dans l'histoire). Même la musique est ultra-excitante, elle s'accorde toujours au rythme. Mais évidemment, histoire ragoûtante oblige, les moments de tension sont à couper au couteau, entre une scène de viol et une scène de torture, il y a une ambiance réellement éprouvante, c'est un mal-être qui traverse littéralement l'écran. La scène de fin m'a foutu la larme à l'oeil, tout y est délicieusement triste : la musique, la faible lumière, le cadre spatial, le regard de Lisbeth et la caméra qui la laisse s'éloigner. PARFAIT.

Daniel Craig se trouve l'un de ses meilleurs rôles, un jeu emplit de sobriété mais en harmonie avec l'écriture, et évidemment Rooney Mara, ô combien fantastique et marquante. Millénium : Les hommes qui n'aimaient pas les femmes, premier volet j'espère d'une future trilogie, sous la tutelle de Fincher ce serait le rêve, est un film entre de bonnes mains, nauséeux, haletant, totalement géré dans la durée, pourvu d'une intensité et d'une vision qui m'ont conquis.

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le 7 nov. 2012

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Dennis

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