Après la sorti de la trilogie Millénium adaptant la saga de roman de Stieg Larsson, les studios Hollywoodien laissent courir le bruit d’un projet de remake de la saga de roman à succès avec Noomi Rapace dans l’un des deux principaux rôles, celui de Lisbeth Salander.
Il faut savoir qu’au moment ou les rumeurs circulent, le nom de Quentin Tarantino circulait sur le projet de remake (difficile à y croire quand on connait les goûts et la manière de faire de l’auteur), David Fincher ressortait d’une autre adaptation de roman avec L’étrange histoire de Benjamin Button et s’attaquait ensuite à la biopic consacrée au créateur de Facebook Mark Zuckerberg. Et au moment il a finalement été attaché à ce projet de remake, il finira par laisser le projet de biopic sur Bobby Fischer qui retombera entre les mains d’Edward Zwick sous la forme du Le Prodige en 2015 que je ne recommande pas spécialement (une allusion est d'ailleurs faites au joueur d'échec dans ce film).
David Fincher est un cinéaste dont le principal atout est le perfectionnisme à travers l’image, un réalisateur visuel dont étrangement mes films préférés sont à sélectionner parmi ses derniers sorti et non pas dans ses premiers. Sans être un de mes chouchous, un certain respect doit lui être accordé. Puisqu’il est parti d’un tournage et d’une production catastrophique avec Alien 3 avant de se faire un nom au fil de ses films et à gagner une vraie liberté artistique puisqu’il est l’un des derniers réalisateur à ne pas être sous la contrainte des studios hollywoodien pour réaliser ses long-métrages. Les succès critiques répondant toujours présent de film en film, qui eux sont souvent présent lors des cérémonies. Millénium : les hommes qui n’aimaient pas les femmes en témoigne, on regrette qu’il ne s’attaque pas au reste de la trilogie quand on voit le résultat final et c’est celui là dont je tiens à parler.
L’esthétisme du film étant le principal atout de cette enquête sur la disparition d’Harriet Vanger, puisqu’à chaque mouvement de caméra, chaque scène en espace clôt ou chaque scène d’extérieur, l’équipe technique apporte un soin tout particulier au visuel sublimant l’image et sa beauté, même à travers les séquences les plus ignobles ou dérangeantes. L’usage du filtre pour la photographie lors des scènes en intérieur plus ou moins restreint ou à tel époque, la gestion de l’éclairage dans une pièce, le souci du détail lors des scènes filmés en extérieur en particulier les paysages enneigées, l’image transpire la beauté à chaque instant même lorsque Fincher filme un passage dur ou perturbant.
Et on en a bien besoin vu que le film se résume plus comme un demi huit-clos à Hedestad ou près de la moitié du scénario s’y déroule. L’autre étant principalement centré sur le personnage de Lisbeth Salander, parallèlement aux investigations du journaliste déchu et humilié Mikael Blomkvist. Au passage, Daniel Craig livre sans doute sa performance la plus habitée et qui le métamorphose entièrement par rapport à sa performance habituelle dans la saga James Bond. Et bien sur, on ne peut pas parler de ce remake sans évoquer la présence de Rooney Mara, révélation féminine du film qui se montre entièrement possédée par le personnage de Lisbeth Salander, hacker de génie pourtant autiste et insociable ne pouvant pas se fondre dans la masse. La relation qu’ils développeront sera ce qu’il y a de plus intrigant au fil de l’intrigue, chacun étant des fouineurs en termes d’information et de média.
La famille Vanger est finalement moins présente physiquement que dans le roman, mais cela permet de se centrer davantage sur la relation entre Lisbeth et Mikael et sur le passé de la famille suédoise qui est l’objet central de l’enquête. Sachant que le bouquin adapté ici comporte bien plus d’élément que le film en lui-même et de relation entre tel ou tel personnage, les crimes et meurtres sont également plus détaillés et tout aurait été bien trop volumineux à transposer sur grand écran. D’autres adaptations de roman plus récente se sont déjà frotter au problème et ont en subi plusieurs problèmes d’adaptation comme des longueurs ou des séquences inutile, à l’image de Da Vinci Code ou encore de la première partir de Hunger Games : La révolte.
Chose que ce film a très bien compris là encore : Steve Zaillian, déjà scénariste sur La Liste de Schindler de Steven Spielberg ou encore de American Gangster de Ridley Scott, laisse de côté la relation amant à amant entre Cécilia Vanger et Mikael, ou encore les quelques aller et venu inutile d’Isabella Vanger qui n’apporterait pas grand-chose au récit dans cette version cinéma ou encore la relation d'amant entre Erika la co-éditrice du Millénium et Mikael. Ainsi, on se centre davantage sur l’installation des deux principaux personnages, le film arrive à les rendre intéressants et à les distinguer de la masse. Du coup, lorsque Lisbeth ou Mikael font une découverte ou se retrouvent dans la merde, on se sent investi par ce qu’ils endurent.
La scène du viol de Lisbeth en devient plus éprouvante qu’elle ne l’est déjà… mais sa vengeance aura été terrible.
Si il y a une chose que Fincher à clairement compris, c’est que l’image doit être mis au service du scénario pour la raconter de la meilleure des manières possible, et aussi au service de ses critiques. Au-delà du souci de la beauté visuelle, la mise en image est toujours très propre que ça soit pour alterner plan fixe/zoom avant sur un personnage en plein dialogue ou sur l’entrée d’une pièce ou se déroule l’action, passer d’un mouvement de caméra pour suivre un objectif à un autre allant dans le sens opposé, les transitions dû au découpage léché, même les rares séquences d’action sont proprement mis en image et efficace, la caméra à épaule ne part pas dans tout les sens en mode yolo et la beauté de l’image ainsi que le travail apporté à la réalisation font ressortir une certaine grâce au tout, même lorsque la violence à l’extrême intervient.
Chaque élément de l’enquête menée par Mikael et Lisbeth est bien pensé et traité comme il faut, à chaque instant le film pense au moindre détail
que ça soit le nom des victimes inscrites de meurtre sur le carnet de Harriet et l’allusion faites à la bible à travers le numéro inscrit dans les versets du Lévitique et comment Mikael en vient à y faire allusion, les photos prises l’année de la disparition de la neveu de Henrik Vanger, les rapports entre l’entreprise Suédoise Vanger et ses partenaires et même les rapports familial.
Le résultat de tout cela donne un thriller qui arrive à haleter son public de bout en bout, malgré 2 ou 3 faiblesses qui interviennent dans le dernier tiers
(je vous avais bien dis qu’avec Martin, on s’ennuyait jamais)
et qu’on n’échappe pas à une révélation finale assez forcée malgré les explications qui s’en suivent derrière. Cela ne m’a pas fait sortir du film pendant ce second visionnage et je prends toujours beaucoup de plaisir à suivre un film à enquête tant que c’est fait correctement. Là c’est largement plus que correcte et la maîtrise du maître des thrillers n’est pas à discuter.
On notera également la participation à la musique du duo Atticus Ross/Trent Reznor. Si leur travail n’égalise pas ce qu’ils feront ensuite sur Gone Girl, elle est dans la trempe de ce qu’ils nous avaient déjà propose sur The Social Network et se révèle pas mal de bonne trouvaille musicale pour apporter l’atmosphère requis à ces investigations.
Malgré le succès du film auprès de la critique, David Fincher ne préparera pas l’adaptation des deux autres romans de l’auteur Stieg Larsson et se tournera vers une (superbe) adaptation de Les Apparences de Gillian Flynn avec Gone Girl. Assez triste quand on voit le résultat que propose l’adaptation du premier opus de la saga.
Je répondrais présent à son prochain film sans hésiter, mais en tout cas si il s’était attaqué au reste de la trilogie, on aurait probablement eu une excellente saga de sa part, à l’image de ce que je considère toujours comme mon Fincher préféré et l’un de mes films favoris également.