Million Dollar Baby, encore de la boxe aux États-Unis et une pluie de récompenses pour une œuvre idéologiquement douteuse. Pour commencer, il faut reconnaître que le film a le mérite d'avoir une première partie très rythmée, qui parvient à tenir le spectateur au bout de son siège. Dans l'ensemble, on ne voit vraiment pas les 2h+ passer.
Sauf qu'il y a beaucoup de choses qui me sont restées en travers de la gorge.
Tout d'abord, je ne sais pas d'où sortent tous ces discours laudatifs sur le scénario etc., mais tout m'a paru extrêmement conventionnel et assez prévisible, c'est l'inaltérable American Dream avec le personnage qui part de rien et atteint des sommets en travaillant d'arrache-pied. Ensuite, venons-en à la partie la plus crispante : le délire sur l'Irlande. FOR FUCK'S SAKE. Clint Eastwood joue à l'irlando-américain et prétend lire des bouquins en gaélique, mais on n'entend que du charabia ignoble (d'ailleurs les critiques en Irlande le lui ont reproché, d'autant plus que les mots en gaélique brodés sur le peignoir/machin de boxe de Maggie sont mal orthographiés (epic fail)). Cette appropriation de culture est assez agaçante dans le contexte du sport dans le sens où le joueur est censé représenter sa nation, pas les racines familiales de son coach-- le match en Angleterre avec d'un côté le drapeau britannique et de l'autre, le drapeau irlandais...? What... ? Comme une touche finale on a eu droit aux joueurs de cornemuse en kilts pour escorter l'arrivée de Maggie sur le ring, personne n'ayant informé Eastwood que l'Irlande et d'Écosse sont deux pays différents... facepalm
La morale de la fin est que si tu ne vas pas au bout du rêve américain, tu en paies les conséquences et c'est toi le seul responsable. C'est l'essence même du capitalisme américain, une idéologie à la fois fascinante et effrayante qui est à certains égards l'origine et la cause de l'occasionnelle débilité ambiante outre-Atlantique. (petits spoilers à suivre) Évidemment Maggie se fait défoncer la gueule, comme c'est étonnant, et cette dernière partie du film est assez haïssable car interminable, moralisatrice et tire-larmes (sortez les violons et les mouchoirs). Pour couronner le tout, le film respire le musc et la testostérone : le vrai personnage principal c'est Clint Eastwood, Maggie ne fait que de la figuration avec son personnage bien brave, elle est présentée comme courageuse et prête à tout mais dans une dimension féminine, elle a toujours besoin d'un modèle, d'un mentor mâle pour la guider. Elle a beau être la championne, elle reste dans l'ombre du coach : le film est très conservateur, rétrograde presque même s'il prétend ne pas l'être.
BREF, tout ceci me déplaît, et a quelque peu ruiné mon visionnage, cependant je comprends tout à fait qu'on puisse aimer passionnément ce film.
America, fuck yeah.