De Charlotte de Turkheim, j'ose avouer que je n'attendais pas un chef d'œuvre. Le sujet du film, la dictature de la taille mannequin, particulièrement casse-gueule au cinéma, est un vrai sujet sociétal.
Traiter ce sujet à travers une comédie qui rassemble diverses personnes d'horizons différents part d'une bonne intention et, peut-être, d'un bon calcul. Avec un objectif d'identification du plus grand nombre. D'ailleurs, ceci explique le succès relatif de ce film.
Mais, pour moi, en corollaire, c'est aussi la faiblesse du film. En effet, les différents personnages sont extrêmement différents. Il me semble hautement improbable que Nina, impliquée dans une société de mode, Sophie, une avocate et Emilie, une aide-soignante, mère de famille puissent devenir les meilleures copines du monde. Si on ajoute à ça, le petit garçon, mal dans sa peau, qui tente de se faire passer pour orphelin auprès d'Emilie, la barque est plus que pleine.
Le résultat, c'est que les gags entre bonnes copines tombent à plat car les soucis ou finalités de chacun sont difficilement compatibles ; et ce n'est pas les "split-screens" qui vont aider à résoudre le système d'équations. On est trop dans le cliché et pas assez dans le registre personnel de chaque personnage. En somme, on aborde trop de sujets insuffisamment approfondis. Autre façon de s'exprimer, chacun des personnages aurait pu faire l'objet d'un film centré sur le personnage.
L'idée de la cure est aussi une fausse bonne idée ; elle permet la rencontre des personnages, certes, mais les enferme aussi dans un milieu homogène. Du coup, on passe à côté de toutes les problématiques qui sont peu abordées ici : le regard des autres, la place des gens "en surcharge pondérale" dans la société, la dictature du look au détriment de la valeur, etc … Du coup, trop de raccourcis sont effectués qui nuisent à l'adhésion aux propos du film.
Oui, pour tenter un audacieux résumé, les gros sont bien sympas face aux minces qui sont crédités de bien des défauts. C'est aller un peu vite en besogne car on trouve aussi chez les "gros", d'infâmes salopards.
Côté casting, Victoria Abril dans son rôle d'avocate et de femme libérée est un peu agaçante. On aurait aimé que Lola Dewaere dans le rôle de Nina (la styliste) soit plus percutante, plus méchante face à son mari, par exemple. Finalement, c'est Catherine Hosmalin, qui tire le mieux son épingle du jeu dans le rôle d'Emilie
Globalement, je n'aime pas tellement la façon dont le sujet est traité. Voilà, un exemple de film comique dans lequel je n'ai pas ri. Encore une fois, je reste persuadé qu'on ne peut pas rire de tout. D'ailleurs, il m'aurait semblé plus pertinent qu'on laisse les aspects comiques ou vaguement graveleux pour mieux aborder les vrais sujets sociétaux.