Minority Report par Roland Comte
L'action se situe à Washington de 2054 où des êtres humains mutants, les précogs, peuvent prédire les crimes à venir grâce à leur don de prescience et abattre les criminels en puissance avant qu'ils n'aient commis leur forfait. L'enjeu est énorme car, si le système s'avère fiable, il sera étendu à l’ensemble des Etats-Unis et permettra d'éradiquer le crime. Mais, un jour, le système dérape et c'est le chef de la Précrime, John Anderton (Tom Cruise) que l'ordinateur identifie comme étant le prochain meurtrier : selon l’ordinateur, il devrait assassiner quelqu'un qu'il ne connaît pas d’ici 36 heures.
Devenu la cible de ses propres troupes, Anderton prend la fuite. Il finit par semer ses poursuivants et se réfugie chez l'une des deux créatrices de la Précrime, Iris Hindeman, qui lui révèle que le système a des failles, consignées dans le "rapport minoritaire" (Minority report). La seule chance qu'a Anderton de sauver sa peau est de mettre la main sur ce "rapport minoritaire" avant d'être abattu.
Comme toujours avec les nouvelles de Philip K. Dick, la réalité est déformée et le spectateur a l'impression d'être au cœur d'un cauchemar... Au départ, bien entendu, toute notre sympathie va au héros que l’on croit innocent. On est de son côté contre une institution aveugle et totalitaire et on souhaite qu'il se sorte de l’imbroglio dont il est prisonnier. Mais on s'aperçoit très vite que les choses ne sont pas si simples. Anderton a aussi un côté sombre : son existence a été marquée par un terrible drame. Il y a plusieurs années, son fils a été enlevé et tué par un pédophile et il s’avère que celui qu'il doit tuer sans le connaître est justement ce meurtrier. Le spectateur est amené à reconsidérer son opinion sur son innocence supposée.
Scénario complexe et imprévisible pour un film qui mêle science-fiction et thriller angoissant. Le scénario est excellent, l'esthétique futuriste à la fois épurée et glauque concourt à donner à ce film une ambiance psychotique et une tension qui ne faiblissent pas du début à la fin. Les dialogues aussi, fins et d'une rare intelligence, contribuent à faire de ce film une réussite.
En bref, un excellent film qui, grâce à ce qu’il révèle de la complexité de la psychologie humaine, devrait aussi intéresser ceux à qui la SF donne habituellement des boutons.