Woody Allen s'est éloigné du thriller, où il était récemment capable du meilleur comme du pire, pour aller s'aventurer de nouveau dans les comédies romantiques comme il sait si bien les faire. Il revient également en Europe pour continuer son fameux voyage en passant désormais par l'inévitable Paris à travers une histoire fantastique originale et rafraichissante où un jeune Américain sur le point de se marier va faire une série de rencontres impensables avec des figures connues de l'art du début du siècle. Car, minuit passé, les rues de Paris emmènent notre écrivain de touriste dans les années 20 et, sans vraiment chercher à comprendre comment ni pourquoi, il va se laisser entrainer dans une aventure humaine irréversible...
Filmant la capitale française comme il filme son Manhattan, Woody Allen nous subjugue dès les premières images, proposant une vision de Paris finalement très réaliste, loin des clichés tout en conservant cet aspect onirique si unique et subtil. Le réalisateur utilise la ville comme un personnage à part entière et non comme un simple décors et en tire toute la puissance narratrice nécessaire pour nous livrer une comédie romantique du plus bel effet où notre héros (Owen Wilson, surprenant), un écrivain lunaire vivant dans constamment le passé, va tomber de plus en plus amoureux des rues animées parisiennes lors de ses retours dans le temps mais aussi d'une jeune femme aussi énigmatique que hypnotisante (Marion Cotillard, comme d'habitude suffisante).
Il va également rencontrer tour à tour plusieurs artistes tous plus délurés les uns que les autres allant de F. Scott Fitzgerald et sa femme Zelda à Hemingway et Gertrude Stein en passant par Toulouse-Lautrec, Salvador Dalí (Adrien Brody, bluffant et hilarant) et même Luis Buñuel. Ces rencontres vont lui donner autant d'inspiration que de réflexion, le remettant en question quant à son futur mariage et sa propre existence. À travers Minuit à Paris, Woody Allen réussit à nous surprendre de nouveau et à nous livrer un long-métrage éblouissant, indéniablement poétique et finalement touchant, alliant la force brute du romantisme parisien à la comédie finement distillée pour un résultat réjouissant du début à la fin.